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La police a utilisé dimanche un FN303 tirant des balles en caoutchouc à Molenbeek lors d’une manifestation après la mort de Fabian, 11 ans. Une intervention rare qui suscite des interrogations sur la proportionnalité de l’usage de la force.
Dimanche après-midi, alors que des manifestants s’étaient rassemblés devant le commissariat de Molenbeek pour protester après le décès de Fabian, 11 ans, la situation a brièvement dégénéré. Selon Het Laatste Nieuws, c’est dans ce contexte que des policiers de la zone Bruxelles-Ouest ont fait usage de fusils FN303, une arme tirant des balles en caoutchouc. Au total, environ vingt projectiles ont été tirés, selon la police.
Une arme rare, un usage controversé
L’usage du FN303 reste très rare en Belgique. Le dernier recours remontait à janvier 2021, lors de violences après la mort d’Ibrahima Barrie, rappellent nos confrères.
Ce fusil est réservé à une unité spécialisée, et selon la zone de police, il ne sert qu’en cas de légitime défense.
Bien que qualifié d’arme « moins létale », le fusil FN303 peut être dangereux, voire mortel. Il tire des balles de 17 mm à 85 m/s. Précises grâce à des ailettes, elles contiennent une bille de bismuth sous le caoutchouc. En octobre 2004, une jeune femme de 21 ans est décédée aux États-Unis après avoir été touchée à l’œil par un projectile tiré par cette arme.

Mais cet usage suscite des interrogations, notamment sur sa proportionnalité. Une source policière rappelle à Het Laatste Nieuws que l’article 37 de la loi sur la fonction de police stipule que « tout usage de la force doit être raisonnable et proportionné à l’objectif poursuivi. »
« Dans une situation de stress, en tant que policier, vous pouvez choisir d’utiliser votre arme, mais au niveau législatif, vous n’êtes pas couvert si cela tourne mal. L’usage de la force était-il raisonnable, proportionné et en rapport avec la situation ? C’est une zone grise », confie cette même source, qui appelle à une législation plus stricte concernant les armes « moins létales ».
Des demandes d’explication
Le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) a demandé un rapport précis sur l’intervention. Il rappelle que « l’usage de ce type de munitions est réglementé ». Un rapport interne est en cours, comme l’exige la procédure.
Cet épisode relance aussi le débat sur le manque de suivi des violences policières. Selon la députée Eva Platteau (Groen), ces incidents sont souvent peu documentés et rarement analysés en profondeur.



















