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Les syndicats ont été reçus ce mercredi par le ministre David Clarinval pour évoquer l’avenir incertain des 1.800 emplois menacés chez Cora.
EN DEUX MOTS :
- Les syndicats ont rencontré les gouvernements wallon et fédéral pour défendre les 1.800 emplois menacés chez Cora, mais repartent avec peu d’espoir et sans engagements concrets.
- La procédure Renault devrait être lancée, et le gouvernement fédéral évoque les RCC comme piste possible d’accompagnement pour certains travailleurs.
- Les syndicats redoutent que les discussions se concentrent essentiellement sur les conditions de départ, faute de véritables solutions de reclassement et de reconversion.
Après avoir été reçus au siège du gouvernement wallon en matinée, les représentants syndicaux ont pris la route de la capitale pour s'y entretenir avec le ministre fédéral de l'Emploi et l'Économie, David Clarinval, au sujet de Cora. Débutée vers 12h45, la discussion a duré une bonne heure.
Le son de cloche était assez identique du côté de la CGSLB et du Setca : les représentants ressortaient de la journée de rencontres politiques avec le sentiment d'avoir été écoutés. "On a eu le temps de s'exprimer", commentait la présidente du Setca, Myriam Delmée. "On a pu aborder la problématique de Cora, mais aussi celle des mesures que compte prendre le gouvernement" dans le domaine de l'emploi. "Beaucoup de notes ont été prises, on verra ce que ça donne."
Dans le cas précis de Cora, et des près de 1.800 emplois qui sont aujourd'hui menacés, la présidente du Setca "n'a pas l'impression" que les politiques "aient la capacité de faire" grand-chose.
La procédure Renault et les options sur la table
Le ministre de l'Emploi et de l'Économie, David Clarinval, sera cependant chargé de veiller au bon respect de la procédure Renault, qui doit prochainement être enclenchée chez Cora. La réunion du jour, qui précède une rencontre du ministre avec le CEO de Cora Olivier Haller plus tard dans l'après-midi, a tout de même permis "de faire une évaluation des mesures qui peuvent être prises", selon M. Clarinval.
À ses yeux, il était important de recevoir au plus vite les syndicats, en solidarité avec les travailleurs touchés et leur famille. "Une des pistes à étudier est celle des RCC" puisque l'entreprise Cora était déjà en restructuration, des travailleurs remplissent les critères pour y avoir accès.
Une rencontre sans grands espoirs à l'Elysette
Les syndicats ont été reçus mercredi matin à l'Elysette, siège du gouvernement wallon à Namur. Venus sans grands espoirs, les représentants des travailleurs s'en sont allés avec un sentiment qui n'avait guère évolué après une heure de réunion.
"Pas grand-chose", voilà ce que Myriam Delmée, présidente du Setca, confiait attendre avant d'être reçue par le ministre-président Adrien Dolimont, le ministre de l'Economie et de l'Emploi Pierre-Yves Jeholet et le ministre du Territoire et des Infrastructures François Desquesnes.
"Ils ont déjà exprimé leur empathie, mais entre celle-ci et leur politique, il y a de la marge", cinglait la syndicaliste. "En vertu de leur sacro-saint principe d'activation, qu'ils trouvent maintenant des employeurs prêts à engager des travailleurs qui ont pour la plupart plus de 45 ans. Pour que ceux-ci puissent rebondir, il va falloir une véritable reconversion, avec du temps et des moyens, et un accompagnement tant professionnel que psychologique."
On attend de voir du concret, on ne peut pas dire que nous ayons eu plus que de belles paroles jusqu'à présent
À la sortie, et malgré un dialogue "franc et constructif", la secrétaire permanente CNE Elisabeth Lovecchio demeurait "sceptique quant au fait que le gouvernement wallon puisse réellement aider les travailleurs." "On attend de voir du concret, on ne peut pas dire que nous ayons eu plus que de belles paroles jusqu'à présent. Cela se passera entre nous et l'entreprise. On a pas d'espoir de reclassement des travailleurs, c'est avant tout la négociation d'une sortie digne pour le personnel qui sera sur la table."
"La réaction du gouvernement, qui a rapidement rencontré la direction, va bien au-delà de la compassion", réagissait le ministre Jeholet. "Il ne nous appartient pas de négocier, mais on peut être un facilitateur."
Ce nouveau drame social dans la grande distribution ne remettra en tout cas pas en cause la politique qu'entend mener la majorité wallonne. "On est prêts à ouvrir des discussions plus larges (avec les partenaires sociaux), mais il faut bien comprendre que le commerce a évolué et qu'on doit s'adapter. Les syndicats doivent aussi évoluer", estime Pierre-Yves Jeholet.
Au lendemain de l'annonce, aucune des sept implantations de Cora n'était fermée ce mercredi.


















