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Un missionnaire mormon américain et son épouse, emprisonnés pendant près de deux ans à Caracas, sont arrivés samedi aux Etats-Unis après avoir été libérés par le gouvernement vénézuélien, qui a présenté sa décision comme un "geste" d'ouverture en direction de Washington.
Cette mesure est intervenue au terme d'une semaine marquée par un durcissement du ton des Etats-Unis qui ont qualifié de "farce" la réélection du président socialiste Nicolas Maduro et imposé de nouvelles sanctions.
Le vice-président américain Mike Pence a d'ailleurs aussitôt assuré sur Twitter que les sanctions américaines allaient être maintenues malgré la libération de Joshua Holt, et ce "jusqu'au retour de la démocratie au Venezuela".
"La politique américaine envers le Venezuela reste inchangée", a renchéri le chef de la diplomatie Mike Pompeo.
Joshua Holt et son épouse Thamara, qui ont retrouvé leur famille à leur arrivée samedi soir à Washington, ont ensuite été reçus à la Maison Blanche. "Vous avez été très courageux", leur a dit le président Donald Trump, qui le matin avait annoncé lui-même leur libération sur Twitter.
"Je suis immensément reconnaissant", lui a répondu M. Holt, tandis que sa mère Laurie adressait ses remerciements au président Maduro.
M. Holt a remercié ceux qui avaient soutenu son épouse durant "deux années très, très, très difficiles", ajoutant: "ce n'était pas vraiment les grandes vacances que j'attendais. Mais nous sommes toujours ensemble".
Missionnaire mormon âgé de 26 ans, Joshua Holt était parti au Venezuela en juin 2016 pour y épouser une jeune femme qu'il avait rencontrée sur internet. Peu de temps après, le couple avait été arrêté, accusé de participation à un complot armé pour déstabiliser le gouvernement Maduro, ce qu'il a toujours démenti.
Le ministre vénézuélien de la Communication, Jorge Rodriguez, a insisté samedi sur les accusations de délits "liés à l'espionnage, à la violence". Mais il a également souligné que la libération du couple Holt entrait dans le cadre "d'efforts pour entretenir un dialogue respectueux" entre Caracas et Washington.
Cette libération intervient au lendemain d'une rencontre surprise à Caracas entre l'influent sénateur américain Bob Corker, président républicain de la commission des Relations extérieures, et le président socialiste Nicolas Maduro, qui vient d'être réélu pour un deuxième mandat après une élection qualifiée de "farce, ni libre ni équitable", par le vice-président Pence.
Nicolas Maduro a tweeté vendredi plusieurs photos et vidéos de leur rencontre, affirmant que son pays recevrait "quiconque désire dialoguer".
- Libération d'opposants -
Au lendemain de l'élection du 20 mai, Washington a imposé de nouvelles sanctions visant à isoler plus encore le régime vénézuélien. La quasi totalité de ses responsables gouvernementaux sont déjà visés par des sanctions européennes ou américaines, y compris Nicolas Maduro.
Les Etats-Unis, qui achètent un tiers du brut vénézuélien, ont menacé par le passé d'imposer un embargo pétrolier et interdisent à leurs citoyens toute transaction sur la dette vénézuélienne.
Les proches du jeune missionnaire ont dit leur gratitude à "tous ceux qui ont participé à ce miracle", dans un communiqué transmis par son avocat au Venezuela, Carlos Trujillo, évoquant la "période d'angoisse" traversée depuis son arrestation.
Joshua Holt était apparu à la mi-mai dans des vidéos filmées dans un centre de détention des services de renseignement et diffusées par des membres de l'opposition vénézuélienne qui réclamaient la libération des prisonniers.
"Voilà deux ans que j'implore mon gouvernement. Ils disent être mobilisés mais je suis toujours là. Et à présent ma vie est menacée", disait-il.
Jeudi, après avoir prêté serment comme président réélu devant l'Assemblée constituante, formée uniquement de ses partisans, Nicolas Maduro avait proposé de libérer des opposants incarcérés pour "surmonter les blessures laissées par les manifestations, les conspirations".
Vendredi, 14 manifestants incarcérés au Venezuela depuis avril ont été libérés, selon l'ONG Foro Penal, qui estime que le pays compte encore quelque 350 "prisonniers politiques", ce que le gouvernement socialiste dément.