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Acheter du gaz, du nucléaire ou du pétrole américain pour 750 milliards de dollars sur 3 ans, soit 250 milliards par an, est-ce réalisable ? L’année dernière, les importations énergétiques totales de l’Union Européenne s’élevaient à 375 milliards d’euros… mais seulement 76 milliards provenaient des États-Unis, troisième fournisseur après la Russie et la Norvège. Mais avec le nouvel accord, les achats d’énergie américaine vont devoir tripler.
« On est dans une phase où on doit diminuer notre dépendance à l’énergie fossile et donc on va consommer moins. La question se pose, est-ce qu’on aura forcément cette demande en produits pétroliers qui va pouvoir suivre les engagements qui ont été énoncés dans cet accord ? », s’interroge Benoit Aubard, directeur énergie chez Sia Partners.
L’objectif européen est clair : pallier la fin du gaz russe d’ici 2027. Problème, l’Europe pourrait de nouveau dépendre d’un seul acteur principal. « Cela veut dire concrètement qu’une bonne partie de la politique énergétique de l’Union Européenne va désormais se décider depuis Washington », estime François Gemenne, directeur de l’observatoire de l’environnement.
Une grande partie de l’argent promis aux États-Unis servira à acheter du gaz naturel liquéfié. Ce gaz est transporté par bateau, déchargé dans des ports, transformé en gaz puis envoyé dans le réseau européen : une énergie très polluante, d’après Sylvain Quoilin, spécialiste en énergie à l’ULiège. « D’un côté, on veut implémenter le Green Deal, on veut décarboner l’Europe, arriver à la neutralité carbone d’ici 2050 et d’un autre côté, on sait que par exemple le gaz de schiste, qui est liquéfié et apporté des États-Unis, est beaucoup plus émetteur de gaz à effet de serre que le gaz naturel qu’on apporte de Norvège par exemple ».
Nos factures d’énergie vont-elles augmenter ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer. Le marché reste pour l’instant stable avec une consommation en baisse.



















