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Avec un prix dépassant les 90 000 euros le kilo, l’or atteint des sommets. Une aubaine pour certains, mais la prudence reste de mise pour éviter les pièges au moment de vendre ses bijoux.
Bagues, colliers, boucles d’oreilles… Les tiroirs regorgent de bijoux oubliés. Beaucoup s’interrogent : est-ce le bon moment pour les vendre ? Avec l’or à un niveau record, la tentation est forte. Mais comment s’assurer d’en tirer un bon prix et de ne pas tomber dans une arnaque ? Enquête sur un marché en plein essor, mais pas sans risques.
Une estimation en deux temps
À Woluwe-Saint-Pierre, dans une agence de rachat d’or, Alexis Gosse explique les premières étapes d’une estimation. Tout commence par la détermination du carat, c’est-à-dire la pureté du bijou : "Nous frottons les bijoux sur un jaspe noir, ce qui va laisser des petites traces. Nous appliquons ensuite un acide. Si la marque ne bouge pas, c’est qu’il s’agit bien d’un bijou en or", détaille-t-il.
Vient ensuite la pesée, avant de proposer un prix calculé sur la base du cours de l’or. Pour un bijou en or 18 carats pesant 17 grammes, l’expert propose 1 062,50 euros.
Jusqu’à 88 euros d’écart entre les agences
Pour évaluer la fiabilité des offres, notre équipe a fait estimer les mêmes bijoux dans quatre agences différentes, en seulement 30 minutes, pour éviter les variations trop importantes du cours. Résultat : les propositions varient de 1000 à 1088 euros. Soit un écart de 88 euros pour un même objet.
Certains commerçants sont peu enclins à justifier leur tarif. Interpellé, celui qui proposait le prix le plus bas s’agace : "Pourquoi vous poser autant de questions ? Je n’ai jamais eu ça. Si ça vaut 1000 euros, vous n’en aurez pas 2000".
Fluctuations et marges variables
Comment expliquer de telles différences ? Le bijoutier liégeois Jacques Desitter répond : "Chaque entreprise prend sa propre marge. Et le cours de l’or peut varier rapidement. Si vous comparez le cours d’il y a une heure et demie avec celui de maintenant, il peut avoir chuté de 500 à 600 euros".
D’où l’importance de faire le tour des agences et d’être attentif au timing…
Refondre ou vendre ?
Certains bijoutiers proposent aussi de refondre d’anciens bijoux pour en créer de nouveaux. Une option séduisante, mais attention : une partie de la matière précieuse est perdue au passage, ce qui peut réduire la valeur récupérée.
Un secteur réglementé, mais pas à l’abri des dérives
Le SPF Économie rappelle que les entreprises de rachat d’or sont soumises à plusieurs obligations : être enregistrées à la Banque-Carrefour des Entreprises, figurer dans le registre de la Monnaie Royale de Belgique, et afficher clairement les prix de rachat à l’extérieur de la boutique.
Les balances utilisées sont également soumises à un contrôle régulier, "tous les deux ans", précise Jacques Desitter. Mais malgré ces règles, certaines pratiques suspectes subsistent.
Plusieurs cas d’arnaques ont déjà été signalés
"Des vendeurs étrangers déposent parfois des prospectus dans les boîtes aux lettres pour racheter de l'or ou des manteaux de fourrure. Il faut s’en méfier : plusieurs cas d’arnaques ont déjà été signalés", prévient Étienne Mignolet, porte-parole du SPF Économie.
L’or, une valeur refuge à long terme
Est-ce alors le bon moment pour vendre ? Si les prix sont hauts, certains experts conseillent la patience. "Le lingot de 500 grammes valait 4 400 euros au début des années 2000. Aujourd’hui, il vaut 46 000 euros", observe Alexis Gosse.
Bruno Colmant, économiste, se veut rassurant : "On peut avoir des fluctuations du jour au lendemain, mais pas un effondrement. Quand on a de l’or, il faut le garder sur 10 à 12 ans pour compenser les aléas économiques".
Sur les 12 derniers mois, le cours de l’or a bondi de 35 %, un record depuis 25 ans. Mais l’avenir reste incertain. À chacun de peser le pour et le contre entre profit immédiat et placement à long terme.


















