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Donald Trump a annoncé cette semaine imposé des droits de douane sur les produits en provenance de l'Union européenne. Ces droits devraient s'élever à hauteur de 25 %. Mais alors, quelles sont les conséquences attendues sur les consommateurs belges et européens?
Donald Trump a annoncé l'imposition prochaine de droits de douane de 25 % sur les produits en provenance de l'Union européenne, qu'il considère avant tout comme un adversaire commercial.
"J'aime les pays d'Europe. J'aime tous ces pays, vraiment, tous différents. Mais l'UE a été conçue pour entuber les États-Unis. C'était l'objectif, et ils y sont parvenus", a déclaré le président républicain, adoptant un ton particulièrement virulent envers les Européens depuis son retour au pouvoir.
Le président américain a également affirmé que les Européens "refusent d'accepter nos voitures ou nos produits agricoles" venant des États-Unis. Trump a répété que le déficit commercial américain vis-à-vis de l'Europe s'élève à "300 milliards de dollars", une donnée que la Commission européenne conteste, estimant plutôt le déficit à 150 milliards d'euros (soit 157 milliards de dollars) sur les biens seulement, et à 50 milliards une fois pris en compte l'excédent commercial américain dans les services.
Quelles conséquences d'une telle taxe ?
Mais quelles seraient les conséquences pour nous, consommateurs, si cette taxe venait à passer ?
La Brasserie de Chimay exporte aux États-Unis 6% de sa production de bière. Pierre-Louis Dhaeyer, directeur général de la brasserie et de la fromagerie de Chimay, n'y voit pas un problème majeur : "C'est important, mais ce n'est pas catastrophique si une partie de ce volume devait disparaître. Et puis, on ne sait pas comment le consommateur américain va réagir. Il n'y a pas que le consommateur qui sera impacté. Nos distributeurs et notre importateur vivent aussi de l'importation. Donc, la mesure risque aussi d'affecter certaines entreprises américaines elles-mêmes", fait-il remarquer.
À Gosselies, une centaine d'entreprises innovent au service du secteur pharmaceutique, le plus touché. Avec 24% de ses exportations, les États-Unis sont la destination numéro 1.
"Évidemment, il faut toujours analyser ça avec calme", réagit Dominique Demonte, directeur général du Brussels South Charleroi Biopark. "On ne parle pas de fabrication de t-shirts et donc délocaliser des chaînes de production pharma aux Etats-Unis, parce que c'est évidemment ça l'intention de Trump, ce n'est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain. Ce n'est pas des décisions qui se prennent à la légère", rappelle-t-il.
Ce n'est pas parce qu'il y a un droit de douane que tout à coup, le concurrent américain peut tout produire
En Europe, les entreprises devront chercher d'autres marchés au même moment. Mais pour Philippe Ledent, économiste chez ING, il faut relativiser. Les USA, ce sont 7% des exportations de notre pays. "Nous exportons essentiellement vers l'Europe, vers les pays voisins, c'est quand même un élément. Deuxième élément, ce n'est pas parce qu'il y a un droit de douane que tout à coup, le concurrent américain peut tout produire. En a-t-il la capacité ? Existe-t-il ?".
Alors, quel effet pour notre portefeuille ? Si l'Europe augmente, elle aussi, les taxes, les produits américains risquent de coûter plus cher. Mais le "made in China" pourrait être bradé sur notre continent. "Ça, c'est un autre élément qu'il faut bien surveiller. Va-t-il y avoir une forte pression de l'économie chinoise, de venir avec des produits bon marché sur le marché européen, parce qu'ils ont plus de mal à les écouler sur le marché américain ?", interroge l'économiste.
Avec ce protectionnisme, pas de déstabilisation globale à craindre. Mais le premier round d'une guerre commerciale. Les négociations ne font que commencer.
Cette déclaration choc de Donald Trump semble en réalité viser à ouvrir des négociations. En effet, les États-Unis importent bien plus de produits européens que l'Europe n'importe de produits américains. L'objectif serait de rééquilibrer cet échange commercial. "Nous pourrions augmenter nos achats de matériel militaire américain ainsi que nos importations d'énergie, notamment du gaz, dont les États-Unis disposent en grande quantité."
Pour Trump, l'Europe est perçue comme un adversaire commercial, et il souhaite imposer des droits de douane sur les produits européens. Cela rendrait les produits américains plus compétitifs sur le marché intérieur des États-Unis.
Le ministre David Clarinval réagit
Interrogé à la Chambre, le ministre Clarinval (MR) a appelé à "veiller à apporter une réponse commune et proportionnée", tant au niveau européen qu'au niveau belge.
Au niveau national, le ministre indique avoir initié une réflexion depuis plusieurs semaines. Celle-ci vise à adopter une "position commune assertive qui tient compte des intérêts belges." La position belge sera "largement concertée avec les Régions", a-t-il assuré.
Selon le ministre, les exportations annuelles belges vers les États-Unis représentent 28 milliards d'euros. Les importations américaines en Belgique s'élèvent à 25,8 milliards.
Les secteurs les plus impliqués sont la chimie, le pharmaceutique, la métallurgie, les matières critiques, l'automobile et les machines et appareils électroniques, a-t-il énuméré.
Dans sa réplique, Patrick Prévot (PS) a réclamé la participation des syndicats et des ONG, pas invités à la réflexion. François De Smet (DéFI) a pour sa part insisté sur l'innovation. "Notre point faible", selon lui. Dans la majorité, Charlotte Deborsu (MR) a appelé l'Europe à se réveiller et à enfin déployer une "stratégie industrielle". Simon Dethier (Les Engagés) a souligné l'importance de la transition climatique.


















