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C’était il y a deux ans : le 17 mars 2020, Sophie Wilmès, première ministre, la mine grave, annonçait à l’issue d’un Conseil National de Sécurité, que le pays devait se confiner, pour limiter l’impact de l’épidémie de coronavirus dans la population. Les mesures décrétées à l’époque sont drastiques : interdiction de rassemblement, interdiction de déplacements non-essentiels (uniquement aller travailler, se soigner ou faire des courses alimentaires), fermeture de la totalité des écoles, des restaurants et des bars, des commerces (à l’exception des magasins alimentaires, les pharmacies et les coiffeurs). Arrêt des chantiers. Voyages à l’étrangers interdits, sauf cas de force majeure.
À l’époque, on pense qu’il s’agit d’un effort nécessaire de 2-3 semaines, pour être débarrassés du virus. 10 jours plus tard, les mesures étaient prolongées. Et pendant deux ans, les vagues de contaminations et le jeu du confinement / déconfinement se sont succédés.
Ces deux ans qui ont bousculé la vision de la politique belge
La gestion de crise par nos différents gouvernements pendant deux ans de cette pandémie aura - en bien et en mal – changé notre vision de la politique belge. Avec les Conseils nationaux de sécurité et les comités de concertation, nous avons pris conscience que les différents gouvernements du pays sont forcés de s’entendre, en cas de crise. Malgré leurs compositions différentes et leurs intérêts divergents.
Il n’y a plus d’ « Homme d’Etat » dit-on souvent de notre classe politique. Mais pendant deux ans, les élus et les gouvernements ont dû prendre des mesures parfois très impopulaires (limitations de déplacement, interdictions de rassemblements, conséquences financières) au nom de la protection de la santé de tous. Ces mesures impopulaires ont parfois provoqué des réactions très violentes, dans la population. De la haine verbale ou physique, à l’égard des institutions de nos démocraties (gouvernements, médias, justice, corps médical,…). Des mouvements qui ont contribué à écorner la légitimité des élus.
Des failles révélées dans notre système
Cette crise a aussi révélé plusieurs failles, dans la politique belge. Des décisions ont été prises collégialement, sur presque tous les sujets : port du masque, quarantaines, règles dans les transports. La Belgique n’a pas de hierarchie, dans son fédéralisme : tous les niveaux de pouvoir ont le même poids. Tous sont donc condamnés à s’entendre, malgré les partis très différents autour de la table, ou les intérêts régionaux divergents au sein du pays.
Ça n’a pas toujours été simple : des mesures contradictoires entre régions, parfois. De la précipitation, dans les mesures, souvent, et avec rétropédalage à la clé. Et du marchandage politique toujours, pour trancher dans les mesures de précaution. Ces aspects-là, n’ont pas redoré le blason de nos autorités politiques.
Qu'avons nous compris grâce à cette crise ?
D’abord que le fédéralisme tel qu’on l’a construit est trop compliqué. Les 9 ministres de la santé, ça existe depuis des années, mais à l’occasion de cette crise-ci, les Belges semblent avoir découvert les conséquences des réformes de l’Etat successives, bricolées de notre pays.
Avec cette gestion de crise politique, les Belges se sont aussi familiarisés à des lieux de décision méconnus : le conseil national de sécurité et le Comité de concertation. Ils existaient bien avant la pandémie, mais n’étaient pas médiatisés.
Les Belges auront eu la confirmation que la région de Bruxelles est sociologiquement très différente des deux autres régions du pays. Plus jeune, plus rebelle, si on se place sur le plan des vaccins.
Enfin, avec cette crise, et les grand-messes des conférences de presse au bunker de la rue de la loi, les Belges se seront souvenus que notre pays n’a pas deux, mais bien trois langues nationales…
Quelques anecdotes dans les coulisses des Codeco
Les bourgmestres de la côte voulaient limiter la foule sur les quais, dans les gares de la mer du Nord. Très vite, on imagine une réduction du nombre de voyageurs par train. L'idée est d'autoriser qu’une place sur deux, et comme ce sont des rangées de deux, d’interdire les places côtés couloir, c'était plus facile à communiquer. La décision a fait le tour de l’Europe, brocardée par la presse étrangère.
Il y a eu l’attente interminable du 24 avril 2020 : la conférence de presse repoussée au-delà de 22h. On a cru que les politiciens flamands ne voulaient pas interrompre une série très populaire au Nord. En fait, c’étaient les services de Sophie Wilmès qui séchaient, sur un powerpoint qui fera beaucoup rire lui aussi.
Enfin, il y a cette fois où la Première ministre annonce le déconfinement des kayaks. Dans le feu de l’action, un peu trop influencée par un ministre originaire de la province de Luxembourg, qui avait alerté sur la situation difficile du tourisme dans sa région.



















