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Les plans climat élaborés par les pays signataires de l’accord de Paris conduisent la planète vers un réchauffement de 2,3 à 2,5°C d’ici la fin du siècle, avertit le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) dans un nouveau rapport publié mardi, à quelques jours de l’ouverture de la COP30, à Belém, au Brésil. Pour l’organisation onusienne, un dépassement temporaire du seuil d’1,5°C est devenu « inévitable ».
Les pays étaient tenus cette année, en vertu de l’accord de Paris, de soumettre de nouveaux engagements ou contributions déterminées au niveau national (CDN) pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais au 30 septembre dernier, à peine un tiers des pays signataires de l’accord de Paris, représentant un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, avaient rendu leur devoir à temps. Des pollueurs de premier ordre, comme la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, ou l’Union européenne, quatrième pollueur avec 6 % des émissions mondiales, continuent de traîner la patte.
Les nouveaux engagements pris en compte pour 2035 mettent donc la planète sur une trajectoire de réchauffement de 2,3 à 2,5°C alors que l’an dernier, le rapport du Pnue anticipait un réchauffement mondial de 2,6 à 2,8°C.
0,1°C de réchauffement supplémentaire à cause des USA ?
L’amélioration d’une année à l’autre est due en partie au nouveau cycle de contributions nationales (CDN) ainsi qu’à des « mises à jour méthodologiques », explique le Pnue, qui estime que le retrait des États-Unis, deuxième émetteur mondial, de l’accord de Paris entraînera 0,1°C de réchauffement supplémentaire.
L’accord de Paris ambitionne de contenir le réchauffement mondial bien en deçà de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle et de poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C. Mais cet objectif implique de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre au cours de cette décennie, une tâche d’autant plus ardue que les émissions de gaz à effet de serre ont encore augmenté de 2,3 % en 2024, à 57,7 gigatonnes d’équivalent CO2.
Limiter le réchauffement à 2°C demande une réduction des émissions mondiales de 35 % d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 2019 alors que l’objectif d’1,5°C exige de sabrer à hauteur de 55 % dans les émissions. Or, une exécution complète et totale des CDN annoncés jusqu’ici permettrait seulement de réduire les émissions de maximum 15 % en 2035.
Le Pnue s’attend donc à ce que le seuil d’1,5°C de réchauffement mondial soit dépassé, ne fût-ce que temporairement. Une hypothétique réduction drastique à court terme des émissions permettrait de retarder le dépassement du seuil d’1,5°C mais sans doute pas de l’éviter.
« Un délai de plus en plus court »
« Alors que les plans nationaux de lutte contre le changement climatique ont permis certains progrès, ce n’est pas assez rapide et c’est pourquoi nous avons besoin de réductions d’émissions sans précédent dans un délai de plus en plus court et dans un contexte géopolitique de plus en plus difficile », résume le directeur exécutif du Pnue, Inger Andersen, cité dans un communiqué.
Pour autant, rappelle le Pnue, chaque fraction de degré évitée « réduit l’aggravation des dommages, des pertes et des conséquences sanitaires qui affectent toutes les nations – tout en frappant le plus durement les plus pauvres et les plus vulnérables – et réduit le risque de points de basculement climatique et d’autres conséquences irréversibles ».
Minimiser le dépassement du seuil d’1,5°C permettrait aussi de ne pas devoir dépendre de méthodes « coûteuses et risquées » de capture de carbone. Pour réduire le réchauffement de 0,1°C, il faudrait en effet capturer et stocker de manière permanente « environ cinq années d’émissions mondiales annuelles actuelles de CO2 », illustre l’agence onusienne.
Le Pnue avance un « scénario d’action d’atténuation rapide dès 2025 » qui permettrait de limiter le dépassement d’environ 0,3°C, avec une probabilité de 66 %, et de revenir à 1,5°C de réchauffement mondial d’ici 2100. Ce scénario exige une baisse des émissions mondiales de CO2 de 26 % d’ici 2030 et de 46 % d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 2019.



















