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Forer les sols wallons pour extraire des terres rares, c'est l'une des propositions faites par Georges-Louis Bouchez. Une proposition qui n'a pas manqué de faire réagir les politiques. Mais est-ce vraiment réalisable et, surtout, vraiment utile ?
L'extraction des terres rares en Wallonie est au cœur d'un débat qui secoue la sphère politique. Ce matin, Georges-Louis Bouchez, président du MR, a déclaré sur bel RTL soutenir cette initiative pour réduire la dépendance de l'Europe envers la Chine. "Je suis favorable à ce qu'en Europe, on rouvre de façon globale la capacité d'extraire des terres rares pour ne plus confier l'ensemble de nos dispositifs électroniques à l'Asie parce que c'est un vrai danger sur le plan de la géopolitique", a-t-il affirmé.
Cette prise de position a rapidement fait réagir le parti Ecolo et son ancienne ministre wallonne de l'environnement, Céline Tellier, qui a critiqué vigoureusement cette idée : "On a l'habitude des déclarations un peu tonitruantes de Georges-Louis Bouchez qui s'inspire une nouvelle fois de Donald Trump et de son fameux 'forez, forez, forez !" avec absolument aucun respect évidemment pour le cadre de vie de la population, l'environnement."
Ces critiques relancent une question centrale : comment concilier exploitation des ressources naturelles et respect de l'environnement ?
La Belgique a du potentiel
Pour l'Europe, c'est une nécessité : il faut être moins dépendant. C'est pourquoi elle impose même un programme d'exploration des sous-sols à ses membres. D'ici 2030, elle ambitionne d'extraire 10% des métaux critiques nécessaires à ses besoins au sein de son propre territoire. La Belgique n'y échappe pas et doit fournir son plan d'exploration dans un mois.
Nos sols regorgent potentiellement de métaux stratégiques essentiels : lithium, manganèse ou encore germanium, un élément clé pour les fibres optiques et la connexion internet rapide. "Il y a du potentiel pour des métaux de base comme le plomb, le zinc, le cuivre, le manganèse. Associés à ces métaux, il y a des métaux fort intéressants pour la transition énergétique comme le germanium", explique Eric Pirard, professeur à la faculté des sciences appliquées dans le domaine des mines-géologie à l’ULiège.
Cependant, la route est encore longue avant que ces ressources puissent être exploitées. La phase d'exploration sera indispensable pour mieux comprendre et cartographier les réserves présentes. "En fait, c'est quelque chose qu'on ne devrait jamais arrêter de faire, c'est d'explorer notre sous-sol. Ce qui a été délaissé pendant près d'un demi-siècle", poursuit l'expert. Certaines découvertes peuvent être faites par hasard, comme à Mols, où un projet de géothermie a dévoilé la présence de lithium.
Des robots dans le sol
Les projets d'exploitation envisagent un modèle souterrain avec un impact visuel et environnemental limité. "Si nous avons un jour des exploitations ici en Belgique, elles seront nécessairement souterraines. Elles seront pratiquement invisibles en surface. Et je pense qu'on fera tout pour que ce soit des démonstrateurs des meilleures technologies disponibles pour limiter l'impact sur l'environnement et sur les riverains", assure le professeur de l'ULiège. Parmi ces technologies, l'utilisation de robots dans les sous-sols pourrait être privilégiée.
En conclusion, si l'exploitation des terres rares en Wallonie semble séduisante pour réduire la dépendance extérieure, elle soulève de nombreuses interrogations écologiques et éthiques. La balance entre le besoin d'autonomie géopolitique et la préservation de l'environnement reste à trouver. L'Europe s'engage sur cette voie stratégique, mais les États, dont la Belgique, devront bientôt trancher.



















