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"Je ne paierai pas !": après avoir reçu "un slip" dans sa boîte aux lettres, Sofia dénonce une nouvelle fois l'arnaque MyCollections

Des colis non voulus qui vous parviennent par voie postale, une facturation imposée et des frais de rappel continus. De nombreuses personnes qualifient de "vente forcée" les agissements de l'entreprise "MyCollections". Sofia dénonce l'arnaque dont elle aurait pu être victime si elle n'avait pas été vigilante.

Il y a quelques mois, nous vous rapportions la mésaventure d'Esther. Après avoir répondu à une opératrice par téléphone, cette étudiante de 21 ans s'était retrouvée détentrice d'un abonnement pour des figurines en cristal dont il lui avait été difficile de se défaire. Tout avait commencé par un simple coup de fil lui disant qu'elle avait gagné un jeu concours. Ensuite, on lui aurait demandé son adresse postale pour lui faire parvenir son cadeau "gratuitement". Quelques jours plus tard, elle recevait une figurine en cristal dans sa boîte aux lettres. Rien de gratuit mais près de 20€ à débourser pour garder le colis. S'en étaient suivis des frais de rappel et des lettres de huissiers. 

Et visiblement, l'entreprise en question, nommée MyCollections, continue de procéder de la sorte. Via le bouton orange Alertez-nous, Sofia évoque des pratiques "scandaleuses" et parle de réelle arnaque. Il y a quelques jours, Dominique, le mari de Sofia, reçoit un appel sur son GSM. Au bout du fil, une opératrice qui lui explique qu'il a gagné à un jeu concours sur Facebook. Dominique ne se souvient pas d'avoir participé à quelconque jeu, mais peu importe, il échange avec la démarcheuse. "Elle lui disait que pour recevoir son lot, elle avait besoin de son adresse. Innocent, il l'a donnée", témoigne Sofia. 

Je trouve leurs méthodes scandaleuses

Quelques jours plus tard, un colis attend dans la boîte aux lettres du couple à Enines (commune d'Orp-Jauche). "On a reçu un slip", décrit-elle. "Le boxer-short se ressent comme une seconde peau. Le design et les couleurs modernes offrent un look sportif et les hommes aiment se montrer le portant", peut-on lire sur le descriptif transmis par l'entreprise et joint au produit. MyCollections demande de débourser près de 21€ pour cet "achat". Cet envoi est censé être le premier d'une longue collection. "Dans 4 semaines, vous recevez automatiquement votre prochain envoi, sans aucune action de votre part", mentionne MyCollections. 

Dominique fait rapidement le rapprochement avec le coup de téléphone reçu quelques jours auparavant. Le problème c'est que, selon lui, à aucun moment on ne lui a parlé de facturation. "Je trouve leurs méthodes scandaleuses", dénonce Sofia. Avant de s'exclamer: "C'est vraiment de l'arnaque. Si l'on ne fait pas attention, on se retrouve avec des rappels de paiement et on entre dans un engrenage !"

De nombreuses plaintes

Suite à cela, le couple s'empresse de renvoyer le colis à l'adresse mentionnée sur le courrier. "Ça m'a coûté 12,70€", indique Sofia. Après quelques échanges par email, le dossier a finalement été clôturé. "Nous avons mis fin à votre abonnement. Vous ne recevrez plus de colis à l’avenir. Nous annulons la facture et tout est en ordre", écrit le service clientèle dans un email. Mais Sofia a été trop prudente: elle n'était même pas obligée de renvoyer le colis à ses frais...

En effet, le Centre Européen des Consommateurs (CEC) dit avoir reçu 23 plaintes au sujet de l'entreprise MyCollections en 2021, et déjà 6 pour le début de l'année 2022. "C'est une société que l'on connaît bien", nous explique Ibtissame Benlachhab, juriste au sein du CEC. À chaque fois, les plaintes visent des pratiques commerciales déloyales. "Dans la plupart des cas que nous traitons, l'entreprise annule les factures sur base des avis juridiques fournis", nous explique la juriste. Avant d'ajouter: "Les litiges sont résolus facilement". 

Selon le CEC, MyCollections "se rend coupable de pratiques de vente forcée". "Pourtant, la législation est claire: la vente forcée est illégale et interdite", éclaire Ibtissame Benlachhab. Un consommateur qui reçoit un colis alors qu'il n'a rien demandé ne doit donc pas payer et n'est pas contraint de le renvoyer. Lors de son accompagnement de clients lésés, le CEC rappelle ces informations. "Ce n'est pas au consommateur de supporter quoi que ce soit", indique la juriste. 

Jusqu'à 80.000€ d'amende

Du coté du SPF Economie, on nous explique que les sanctions prévues en cas de vente forcée peuvent atteindre 80.000€ d'amende. Un consommateur, victime d'une arnaque ou d'une tentative d'arnaque, peut introduire une plainte auprès du point de contact du SPF Economie. Ces signalements sont ensuite analysés par l'Inspection économique. Des enquêtes peuvent ensuite déboucher sur des sanctions. "L’Inspection économique n’intervient toutefois pas pour régler des cas individuels. En cas de litige, le consommateur est invité à se tourner vers le CEC (Centre Européen des Consommateurs) – Belgique. Si cela n’est pas concluant, il peut introduire une action devant les cours et tribunaux", nous indique Etienne Mignolet, porte-parole du SPF Economie. 

Impossible cependant de savoir si une enquête portant sur l'entreprise MyCollections est en cours. "L’Inspection économique ne peut pas communiquer sur des dossiers ou entreprises individuels ou des dossiers en cours", nous précise le SPF Economie. 

Quelques conseils pour contester

Il y a quelques mois, l'association de protections de consommateurs, Test-Achats (qui a également reçu des signalements pour cette entreprise) nous donnait quelques conseils à destination des clients lésés :

  • Contester l’achat par courrier recommandé en invoquant la vente forcée
  • Mentionner éventuellement dans le courrier que le "colis" est à leur disposition (à charge pour l’entreprise de prendre les frais en charge et non au consommateur – demande régulière de la part de cette entreprise en cas de contestation)
  • Le consommateur peut conserver le colis s'il le souhaite

Lorsque nous avions contacté l'entreprise en septembre dernier, cette dernière démentait toute tentative d'arnaque. Une responsable nous expliquait que la firme externalise son démarchage téléphonique. Les personnes appelées sont celles qui ont accepté d'être mises en contact avec la société, nous assurait-on. "Elles ont cliqué sur un lien via Internet ou via Facebook par exemple", justifiait-on. Et selon cette responsable, lorsque l'on reçoit un colis de la marque, c'est parce que l'on a accepté la vente par téléphone.

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