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Culte dans les années 1980, le slow semble avoir été oublié, mais pourrait bien retrouver sa place sur les pistes de danse.
Dans une discothèque bruxelloise, un samedi soir rythmé par des tubes des années 1980, une tradition oubliée refait surface: le slow. Ce style de danse, qui a marqué une génération, semblait avoir disparu, pour laisser place à des pratiques plus modernes et plus rythmées.
Véritable rituel des booms des années 80, le slow était bien plus qu'une danse: un prélude à de futures histoires... Peut-être. Avec ses mouvements lents et sensuels, ce style offrait un moment d'intimité unique entre deux partenaires. "C'était l'occasion de rencontrer des petits amis, il n'y avait pas d'applications de date à l'époque, ça fonctionnait en soirée, on faisait connaissance en soirée, et après on avait des histoires d'amour, des flirts...", sourit une quadragénaire nostlagique.
Le déclin du slow a été marqué par des évolutions culturelles majeures. L'arrivée de danses plus dynamiques, comme les danses latines, a progressivement éclipsé son charme. "C'est très dynamique les danses latines, c'est des rythmes beaucoup plus rapides", explique Colette, diectrice du centre de danse Choreart, à Uccle.
Le recul du slow s'explique aussi par des changements sociétaux profonds. Le mouvement #Me Too a redéfini la dynamique entre les sexes, mettant en avant le consentement et le respect mutuel. Dans ce contexte, les danses rapprochées incitent à une plus grande prudence.
L'avènement du numérique a transformé la façon dont les gens se rencontrent et interagissent. "Le toucher, qui dans notre société déjà ne va pas de soi, est encore examiné avec davantage d'attention, à juste titre. Et d'une certaine manière, dans ces danses, on est obligé de se toucher. Et ça n'allait pas de soi avant la montée en régime du numérique, ça n'allait pas de soi avant le milieu des années 2010, mais ça ne va pas de soi encore davantage aujourd'hui, remarque Christophe Apprill, sociologue. Ces nouvelles règles ont contribué à reléguer cette danse au second plan dans les cercles publics.
Malgré ce déclin, certains nostalgiques et artistes tentent de redonner une seconde vie à cette danse mythique. C'est le cas de Julien Doré, par exemple, qui milite pour son retour et en rappelle ses codes simples et accessibles. "Comment dans le slow?", On respecte son partenaire, on respecte sa pudeur, on respecte l'invitation?"
Alors que certaines soirées thématiques recréent l'ambiance des années 1980, la question reste ouverte : le slow reviendra-t-il sur nos pistes de danse, 20 ans après sa disparition?