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Le choc économique du Covid aux Etats-Unis avait provoqué son éviction de l'historique maison de disques RCA Records. Aujourd'hui sous label indépendant, le trio californien d'électro-pop Muna voit son étoile briller sur la planète, avec sa forte identité "queer".
Muna était le weekend dernier à l'affiche, avec Lana Del Rey, Carly Rae Jepsen et Maggie Rogers, du festival indie "All Things Go" dans l'Etat du Maryland entre Washington et Baltimore.
Un événement pour des dizaines de milliers de fans qui a fait la part belle aux femmes et aux personnes dont l'orientation ou l'identité sexuelle ne correspond pas au modèle social hétéro-normé.
Katie Gavin, Josette Maskin et Naomi McPherson -- 30, 29 et 30 ans et qui se définissent justement comme "queers" -- ont monté leur groupe Muna en 2013 pendant leurs études à l'université de Californie du Sud.
Dix ans après "on a vraiment l'impression d'être tout en haut d'un cycle", se réjouit Katie Gavin, qui chante dans cette formation que l'AFP a interviewée dans le Maryland, avant un concert en octobre en Californie qui bouclera une tournée réussie avec, à certaines dates, des premières parties de la mégastar Taylor Swift.
Après la parution en 2017 de son premier album, "About U", Muna assure les premières parties de concerts de la popstar britannique Harry Styles, qui a maintes fois refusé toute étiquette sur son orientation sexuelle.
Mais dans la foulée d'un second opus ("Saves The World" - 2019), la pandémie de Covid et ses conséquences économiques frappent très durement les Etats-Unis, poussant le label RCA Records de Sony Music à lâcher Muna en invoquant la réduction des coûts.
Le groupe se réfugie alors chez Saddest Factory Records, marque indépendante de la chanteuse et compositrice californienne de pop folk Phoebe Bridgers, qui se produit en solo et au sein du groupe Boygenius.
C'est à partir de là que Muna prend son envol.
- Amour et sexe -
Leur titre "Silk Chiffon" -- avec Phoebe Bridgers et des paroles crues sur l'amour et le sexe "queers" -- fait un carton sur les réseaux sociaux et les plateformes: "Silk Chiffon, that's how it feels, oh, when she's on me" ("Un mouchoir en soie, c'est ce que l'on ressent, ah, quand elle est sur moi"), chante sans ambages Katie Gavin.
Leur dernier album ("Muna" - 2022) a tutoyé des palmarès internationaux et le groupe a fait vibrer des festivals américains, comme le très réputé Coachella en Californie.
Pour Naomi McPherson, membre du trio qui se dit "non binaire" et refuse les pronoms "elle" et "il", Muna a réussi dans une industrie musicale toujours largement dominée par des hommes mais à la fois beaucoup mûri sur son identité de genre.
"Nous sommes des adultes maintenant", lâche Naomi McPherson.
"Quand on grandit (fille ou garçon) gay, on perd une partie de son enfance dans une projection de soi qui n'est pas conforme à la réalité", analyse l'artiste qui pense avoir repris possession de son identité sexuelle vers l'âge de 20 ans.
Même s'il y a dix ans, nuance Katie Gavin, le climat de la société était plus homophobe qu'aujourd'hui.
"Nous savons mieux qui nous sommes maintenant", affirme Josette Maskin, du trio.
Les personnes "ouvertement queer" sont plus "visibles", mieux "entendues" et "comprises" qu'il y a cinq ans mais ces avancées peuvent être à double tranchant, met en garde Katie Gavin: car le secteur économique de la musique "se rend compte que des identités (sexuelles) différentes sont vendeuses".
Aujourd'hui, "l'opinion du plus grand nombre est que le fait d'être +queer+ donne la clé du succès dans l'industrie du divertissement", constate Naomi McPherson. "Mais ce n'est pas le cas. Nous nous sentons encore marginalisées", souffle l'artiste.
Plus optimiste devant ses fans extatiques au festival "All Things Go", Katie Gavin s'est exclamée: "Nous étions pleines d'espoir de trouver l'espace où se sentir en sécurité pour simplement exprimer qui nous sommes!".






















