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Au cœur de la capitale française, dans le temple de la danse, symbole d’élégance et de raffinement, un jeune belge fait timidement ses premiers pas sous la coupole de l’Opéra Garnier. Il fait partie des 154 danseurs du prestigieux corps de ballet.
Hadrien Moulin a 18 ans, il est originaire du Brabant wallon. Il a suivi une formation à l’école de danse de l’opéra pensant 6 ans. En juin dernier il passe le concours interne de la célèbre institution parisienne et termine deuxième. L’Opéra engage les trois premiers.
« Je ne m’y fais toujours pas », explique Hadrien. « Ça fait toujours un certain effet quand on rentre dans ce lieu prestigieux. Il faut encore un temps d’adaptation, mais c’est que du bonheur. »
Accro dès ses premiers pas à 6 ans : « On ne voyait que lui »
Devenir danseur, Hadrien en rêve depuis qu’il est tout petit : « Quand j’étais petit, je ne voulais faire que ça. » Nous l’avions rencontré en 2019 à Waterloo dans son école de danse. Et la danse, il en était déjà accro. « C’est comme une drogue, quelque chose qui fait du bien au cœur et une fois qu’on est dedans on ne peut plus la quitter », disait-il alors.
Depuis, l’adolescent a grandi, mais il retourne régulièrement voir sa professeure Françoise Nyssen. C’est elle qui l’a repéré quand il avait seulement 6 ans. « Déjà quand on est un garçon et qu’on vient dans des cours de danse, c’est qu’on a vraiment envie de danser », explique-t-elle. « J’ai fait un stage d’été, comme on fait un stage d’été de n’importe quoi. Je suis arrivée et j’ai adoré. Mais je me sentais un peu perdu parce que je ne connaissais rien à la danse », se souvient Hadrien. Mais il a directement eu ce petit truc en plus, explique Françoise Nyssen. « Dès qu’on le mettait sur scène, on ne voyait que lui. Les autres à côté, on ne les voyait plus. Il dégageait vraiment quelque chose. Le plus important quand on veut devenir danseur, c’est de dégager et d’avoir un sens artistique hyperdéveloppé. »
Dans les pas de Thomas Docquir, premier Belge premier danseur
Réussir le concours, c’est décrocher un contrat à durée indéterminée au sein de l’opéra, une institution réputée dans le monde pour son exigence, sa discipline, sa rigueur presque militaire. En quittant la Belgique, Hadrien en est conscient, mais il peut compter sur le soutien et les conseils d’un autre Belge, Thomas Docquir, danseur est à l’opéra depuis 10 ans.
Dans cet environnement très hiérarchisé, Hadrien partage une loge commune avec plusieurs danseurs, ce n’est pas le cas de Thomas. « Quand on rentre dans la compagnie, on commence forcément en bas de l’échelle, au grade de quadrille comme Adrien. Le fait d’être premier danseur, ça me donne accès à une loge partagée où on n’est que deux », explique-t-il. Verdict ? « Elle est pas mal. J’espère un jour en avoir une comme ça », réagit Hadrien.
À 27 ans, Thomas est le premier belge à accéder au grade de premier danseur, autrement dit soliste, dernière étape avant d’être potentiellement nommé danseur étoile. « J’y pense évidemment, c’est dans un coin de ma tête, mais ce n’est pas non plus une obsession. Le plus important pour moi c’est de continuer à grandir artistiquement, à avoir de belles opportunités, des beaux rôles. C’est magnifique comme vie. C’est dur, c’est intense, ce sont des sacrifices un peu aussi mais voilà. Il y a le temps. Faut pas être pressé. Il faut suivre son chemin sans se mettre de pression et ça va se passer tout seul. »
L’opéra compte actuellement 15 danseurs étoiles, Thomas pourrait donc devenir le 16e. Hadrien a encore 25 ans de carrière devant lui, mais elle s’annonce déjà prometteuse.

















