Partager:
Le tube de 1986 de Catherine Lara est passé à deux doigts de ne jamais sortir. Le contexte ? Elle est en Suisse, il est tard et elle vient tout juste de terminer l’enregistrement de son album… sans la chanson. « On est dans ce studio. On est resté deux mois là-dedans. On était épuisé, on a tout donné. Et on se met au piano avec Sebastián Santa María et puis on commence à jouer un truc, genre ‘OK, OK’. ‘Oh’, je dis, ‘on ne va pas faire ça, on ne va pas mettre un slow dans le disque !’. On a fait ça pour s’amuser. Mais il me dit : ‘C’est une belle mélodie, tu devrais la mettre’. Luc Plamondon vient me retrouver. On s’en va je ne sais pas où dans un coin de la montagne. Il écoute la chanson et il adore la chanson. Il m’a dit : ‘Tu te souviens dans cette boîte où on allait au Québec ? On rentrait à pas d’heure, il était 5h du matin, 6h. On passait nos nuits.’ Nuit Magique ça s’appelait cette boîte. Une histoire d’amour dont on a l’impression qu’elle va durer toujours mais en fait elle n’a duré qu’une nuit et on y a cru. » Une fois terminée, « j’étais sûre que c’était un tube, c’est dingue. J’étais sûre, je ne peux pas vous expliquer pourquoi. Je sentais que cette chanson avait quelque chose. »
La voix part, le violon reste
Depuis, Catherine Lara n’a plus vraiment la force de chanter. « Le violon c’est le prolongement de mon bras. C’est l’homme de ma vie quoi, mon violon. Je vais vous dire aussi une chose très vraie. C’est que c’est beaucoup moins fatigant de jouer du violon pour moi que de chanter. C’est épuisant, c’est épuisant de chanter. Aujourd’hui je chante avec mon violon, je suis tellement heureuse comme ça, c’est merveilleux. »
Un spectacle avec ses « mômes » de 25 ans
Elle partage désormais la scène avec de jeunes danseurs qu’elle considère comme ses enfants. « C’est un spectacle intergénérationnel. J’ai 80 ans, je viens de les fêter cette année et mes mômes ils ont 25 ans. Donc si vous voulez sur le papier, personne n’y allait. Mais justement, ce sont nos différences qui nous ont réunis, nos identités différentes qui ont fait qu’on a voulu faire ce voyage ensemble. On est très semblable, il y a une espèce d’alchimie entre nous comme ça sur scène. On se suit, on se capte, on se regarde. On est un peu comme des félins, comme des chats qui dansent avec la musique. Pour moi c’est féerique, j’avais besoin de changer. Je suis là pour essayer de faire rêver. Ça fait 50 ans que je chante et ils commencent à en avoir marre les gens de me voir chanter. Ils sont tannés de m’entendre chanter Nuit magique, etc. »
« Je resterai une enfant toute ma vie »
Quand elle regarde dans le rétroviseur, elle ne regrette rien. « Je suis une femme, je suis libre, j‘ai vécu comme j’ai voulu, je n’ai jamais menti à personne, j‘ai toujours dit comment je vivais. L’amour pour moi, avec une femme, c’est quelque chose de sensuel. Le mot me vient dans la bouche et je suis en accord avec ça. ‘Homo sensuelle’, je trouve ça beau. Ma vie me bluffe tous les jours. La vie me bluffe tous les jours. J’ai tellement de chance d’avoir fait ce que j’aimais, d’en vivre. Je suis admirative de ce qui m’arrive, d’être encore en bonne santé, d’être là à 80 ans. Vous savez, on est vieux quand on se sent vieux. Moi, j’ai une âme d’enfant et je resterai une enfant toute ma vie. »


















