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Après avoir marqué l'histoire du cinéma, il filme son enfance: Steven Spielberg livre son film le plus personnel avec "The Fabelmans", qui raconte une jeunesse sauvée par le cinéma, en salles mercredi.
A 76 ans, Spielberg est généralement considéré comme un des plus grands réalisateurs vivant d'Hollywood, avec à son actif des classiques comme "Les Dents de la Mer" ou "La liste de Schindler".
Son film, sorti fin 2022 aux Etats-Unis, a déjà été couronné aux Golden Globes, remportant les prix du meilleur réalisateur et meilleur film dramatique, et est multi-nominé aux Oscars.
Celui dont le cinéma a si souvent gardé un coeur d'enfant ("E.T.", "Jurassic Park") braque cette fois sa caméra sur ses propres blessures de jeunesse, dans une famille qui se délite et sur fond de brimades antisémites.
Une introspection qui n'est pas sans rappeler celle d'un autre grand d'Hollywood, James Gray, dans "Armageddon Time" l'an dernier.
Basé sur l'enfance de Spielberg en Arizona, "The Fabelmans" explore les secrets de famille d'un jeune homme passionné de cinéma, et met notamment en scène Michelle Williams, Paul Dano, et Seth Rogen.
Spielberg a expliqué avoir voulu de longue date faire un film très personnel mais avoir finalement puisé sa motivation dans la "peur" suscitée par la pandémie de coronavirus.
"Je ne crois pas que quiconque ait su en mars ou avril 2020 où en serait l'art, la vie ne serait-ce qu'à une année de distance", a dit Spielberg lorsque le film a été dévoilé pour la première fois au public, fin décembre à Toronto.
"J'ai juste ressenti que si je devais laisser quelque chose derrière moi, qu'avais-je vraiment besoin d'éclaircir et de déballer à propos de ma maman et mon papa et mes soeurs?", a-t-il poursuivi. "Ce n'était pas maintenant ou jamais, mais presque".
Semi-autobiographique, le film suit le jeune Sammy Fabelman et sa famille. Les parallèles avec la vie de Spielberg apparaissent clairement.
- "Outsider" -
Comme lui, la famille Fabelman déménage du New Jersey en Arizona puis en Californie et Sammy tombe amoureux du cinéma, se perfectionnant avec l'aide de ses amis et inventant des techniques pour la caméra.
"J'utilisais vraiment de la colle et de la salive, essayant de trouver comment faire tenir les choses ensemble", s'est-il souvenu. Le film reprend beaucoup des films amateurs qu'il avait réalisés, adolescent.
"Dans ce film j'ai fait tous les trucs qui se passent en coulisses bien mieux que les films en 8 mm que j'ai tournés", a-t-il lancé. "C'était une belle reprise!".
Même si le cinéma est une source de réconfort et d'évasion pour le jeune Sammy, le film ne cache rien de ses problèmes à la maison, comme les difficultés du mariage de ses parents, incarnés par Michelle Williams et Paul Dano.
Il montre aussi les brimades antisémites infligées par deux harceleurs dans son lycée californien. Spielberg explique avoir voulu évoquer ces incidents réels dans le film sans les placer sur le devant de la scène.
"Le harcèlement n'est qu'un petit aspect de ma vie. L'antisémitisme est un aspect de ma vie mais en aucune manière une force dominante dans ma vie", assure-t-il. "Cela m'a rendu très, très conscient d'être un outsider en grandissant".
Spielberg a écarté des informations de presse selon lesquelles ce film serait son dernier. "Ce n'est pas parce que j'ai décidé de prendre ma retraite et que ceci serait mon chant du cygne", a-t-il assuré. "Ne croyez rien de tout cela!".
Il aura probablement l'occasion de le répéter mardi à Berlin, où le Festival du film doit lui remettre un Ours d'or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.