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Après un an passé à l’étroit dans les limites étouffantes d’un téléphone classique – ce stupide format rectangulaire – j’ai retrouvé avec soulagement le format colossal d’une tablette de poche. Cette déclaration intentionnellement cynique, qui marque mon retour dans l’univers des pliables, est liée au test du Pixel 10 Pro Fold (1.899€), le dernier foldable présenté cet été par Google. Si l’expérience logicielle Pixel me séduit toujours autant (voir mon test du Pixel 10 Pro XL), je dois avouer que le Fold représente une demi-avancée pour ce marché de niche. La première raison est matérielle.
Un géant lourd, mais indestructible
En effet, en main, le Fold m’a immédiatement semblé encombrant et même légèrement dépassé au niveau du design avec ses 258 grammes et ses 10,8 mm d’épaisseur (fermé). Cette remarque paraîtrait malvenue sur Samsung et Honor n’avaient pas sorti cette année des Z Fold 7 et Magic V5 affichant fièrement 8,9 et 8,8 mm… C’est la dure loi de la concurrence, et Google n’a pas beaucoup touché à ses smartphones en 2025, on le sait.
Cependant, cette dimension de « brique » est la condition de sa plus grande réussite matérielle : l’ajout de la certification IP68. Grâce à une nouvelle charnière sans engrenage, le Fold est le premier pliable à être entièrement résistant à l’eau et à la poussière. C’est un changement majeur, car ces appareils sont traditionnellement fragiles, et pour avoir déjà constaté un grain de sable (supposé) dans la charnière d’un autre smartphone de ce type, je peux vous dire que c’est horripilant d’entendre la charnière couiner à chaque ouverture. C’est le genre de progrès que j’attendais de Google, et avec une coque maison bien finie et discrète, on peut enfin utiliser un Fold sans avoir peur de l’abîmer en le sortant de la poche :
Par ailleurs, l’écran extérieur est désormais un peu plus grand (6,4 pouces) et atteint 3 000 nits de luminosité maximale. J’apprécie toujours l’écran principal de 8 pouces pour le multimédia, même si la pliure reste « très visible » et se sent facilement au doigt (là aussi, Samsung faisait mieux en 2025) :
Peu d’avancées logicielles
Cela 6 ans que Samsung a sorti le premier smartphone pliable. Et même si on admet que le prix élevé freine son adoption, on peut s’étonner du peu d’avancées logicielles pour exploiter au mieux ce double écran. Bien sûr, on peut afficher deux applications côte à côte, et même sauver une paire d’applications (pour mon test, j’ai mis la météo et la galerie photo, ne cherchez pas de logique) :
Mais très peu d’applis se redimensionnent intelligemment avec l’écran carré. Il y a bien sûr celles de Google qui utilisent au mieux le format le carré en déplaçant des éléments (dont YouTube qui reconnaît le mode chevalet semi-plié pour jouer les vidéos en haut), celles de Meta (Instagram, Facebook) qui font presque aussi bien, et puis celles de messagerie comme Outlook et Teams (Microsoft), qui mettent la liste des conversations à gauche, et le volet de visualisation à droite. Pour tout le reste, cet écran géant carré s’avère un peu inutile lorsqu’il n’affiche qu’une seule application.
Performances modérées et l’énorme avantage PixelSnap
Le nouveau smartphone pliable de Google est puissant en utilisation quotidienne grâce à ses 16 Go de RAM, et j’ai beaucoup utilisé le grand écran pour le multitâche, notamment pour organiser des voyages ou transposer des données dans mon calendrier. Le logiciel me donne envie d’être productif, avec des fonctionnalités améliorées de fractionnement d’écran.
Néanmoins, le nouveau Tensor G5 est en deçà des puces à actuellement disponibles. Les performances graphiques sont décevantes, affichant un score multicœur 30 % inférieur à celui du Snapdragon 8 Elite du Galaxy Z Fold 7 dans les tests de Compute. Si vous faites beaucoup de jeu intensif, ce n’est pas le meilleur choix.
Heureusement, l’autonomie est solide. La batterie de 5 015 mAh m’a permis de tenir une journée de 12 heures comprenant de la navigation GPS et un peu de vidéos. C’est très raisonnable pour un appareil de ce type, mais la charge reste assez lente comparée à des smartphones normaux (30W en filaire, 15W sans fil…).
L’autre grande victoire matérielle est l’arrivée de PixelSnap. La compatibilité tant attendue avec les accessoires magnétiques MagSafe est un « énorme avantage attendu depuis longtemps ». Je peux désormais fixer mon téléphone sur n’importe quel chargeur magnétique ou utiliser des accessoires comme le PixelSnap Ring Stand.
Le Pixel 10 Pro Fold conserve les meilleurs appareils photos de tous les pliables, capturant des clichés nets et précis, et son zoom optique 5x donne plus de portée que le 3x de son rival. Cependant, le matériel optique est presque inchangé par rapport à l’année dernière, et la qualité vidéo est à la traîne, souffrant notamment d’un problème frustrant de désynchronisation audiovisuelle. De plus, le logiciel de l’unité de test m’a semblé « un peu sous-cuit ».
Conclusion : un choix de niche qui coûte cher
Dans l’absolu, le Pixel 10 Pro Fold est un très bon téléphone. Il reste, comme tous les pliables de ce type, destiné à un marché de niche – les super users prêts à débourser 1.899€ et qui travaillent souvent avec deux applications ouvertes (ce qui m’arrive parfois, et c’est bien pratique).
Bien que j’apprécie énormément l’ajout de la résistance IP68, cet appareil exige trop de compromis pour son prix (puissance, charge lente et surtout épaisseur). Google doit absolument intégrer cette durabilité dans un châssis plus mince l’année prochaine, pour espérer un succès commercial – mais soyons clairs, cette catégorie restera niche tant que des killer apps (donc un usage logiciel génial qui justifie le format) n’auront pas vu le jour.
Sachez enfin que si vous aimez le pliant mais pas son prix, il reste les formats Flip, dont l’excellent Samsung de l’été dernier (voir mon test).
