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Les montres connectées (ou wearables, objets qu’on porte sur soi) se vendent de plus en plus, avec une croissance mondiale estimée à +15 % par an, avec au moins 100 millions d’exemplaires qui seront vendus en 2025. Mais les constructeurs n’ont pas tous la même approche, et on se penche aujourd’hui sur deux visions très opposées au niveau du design et des fonctionnalités accessibles sur la montre, mais qui ont la même approche au niveau de l’application compagnon (riche et exhaustive, avec un abonnement pour débloquer toutes les analyses/fonctionnalités). Il s’agit de la Pixel Watch 4 de Google et de la Scanwatch 2 (2025) de Withings.
Pixel Watch 4 (399€) : quoi de neuf ?
Du côté de Google, on aime les designs qui durent. C’est complètement l’inverse des marques asiatiques qui, tous les 6 mois, aiment repenser et redessiner leurs objets. Résultat : une Pixel Watch 4 qui ressemble à la 3, à la 2 et à la 1, à quelques détails près. C’est un choix à double tranchant : si le public adhère, il est rassuré et content de voir que sa Watch 1 n’a pas l’air démodée – une stratégie bien maîtrisée par Apple sur l’ensemble de sa gamme. Mais le risque est grand : ceux qui n’aiment pas le design initial, ils sont perdus pour de bon…

Je ne suis pas un grand fan du design des Pixel Watch (ce qui n’est pas le cas de celui des smartphones de Google, que je trouve très réussi, et qui évolue parfois avec un peu plus d’audace). Je me répéterai donc sur celui de la 4e tentative du géant numérique américain : cet écran total arrondi est un choix assez clivant, loin du concept de la « montre » ; et il a la grande faiblesse de laisser le bloc sans aucune protection par rapport aux griffes. Après deux jours de test, je l’ai déjà frottée sur le mur du parking de RTL en passant derrière le coffre de ma voiture. Rien de dramatique, mais je n’ai jamais abîmé toutes les autres montres que j’ai testées, souvent protégées par un boîtier en acier.

Deux changements « visibles »
Deux nouveautés « extérieures » tout de même. La plus visible : l’écran, désormais très légèrement bombé, répond cette année au doux nom d’Actua 360 Domed Display (dôme). Cela se remarque à peine à l’œil, mais on le voit et on le « sent », surtout avec la refonte graphique de l’interface, qui jouer sur l’aspect « relief ». La sensation globale a quelque chose d’intuitif et d’agréable, tandis que Google en a profité pour augmenter la surface utile de l’écran de 10 % et la luminosité maximale de 50 % (3.000 Nits, idéal pour les journées ensoleillées).
L’autre nouveauté matérielle est pratique : Google bouscule un peu son principe de stabilité et introduit enfin une procédure pratique de recharge de la montre. Fini le petit pavé rond aimanté (mais trop léger) qui devait être bien aligné avec 4 ergots minuscules (un héritage de Fitbit) ; place à un socle solide sur lequel on couche la montre sur le flanc. Google en profite, là aussi, pour gonfler ses performances : le 0 à 50 % se fait en 15 minutes, et pour la charge complète, j’ai mesuré 44 minutes (socle branché sur mon ordinateur portable). Cette recharge sur la tranche permet à Google d’enfermer les capteurs derrière un dos en verre renforcé, augmentant la finition globale d’une Watch 4 qui est indiscutablement un bel objet.

J’ai mesuré 3 fois l’autonomie totale de la montre, et dans mon cas, elle passe de 100 % à 5 % en 3 jours complets, donc 72h (usage sportif léger, mais manipulation importante de l’interface). C’est mieux qu’Apple et Samsung, qui ont du mal à dépasser les 36h d’utilisation, nécessitant presque une recharge quotidienne. Si vous n’enchaînez pas les marathons, vous pouvez partir en week-end le vendredi soir avec votre Pixel Watch 4, et avoir encore 25 % d’autonomie en rentrant le dimanche soir (à savoir : je n’active jamais l’affichage constant de l’heure, que je trouve inutile si la montre est réactive dès qu’on tourne le poignet).
Un logiciel revu
Google continue d’investir dans ce qu’il maîtrise le mieux : la partie logicielle. Ça n’a pas toujours été simple depuis le rachat et l’intégration de Fitbit, mais on arrive à quelque chose de cohérent entre le système d’exploitation (Wear OS 6, une version allégée d’Android permettant d’installer toutes les versions « portables » des applications du téléphone, pour autant qu’elles existent) et le suivi bien-être, santé et sport (toute la partie Fitbit, donc).

Le tout est emballé dans une interface modernisée baptisée Material 3 Expressive : c’est plus intuitif et mieux agencé, ça exploite bien l’écran légèrement bombé, les informations essentielles s’affichent mieux. Cependant, et là aussi c’est une question de cohérence esthétique, les fonds d’écrans et les graphismes de la montre ont un côté sportif, pas très élégants ; là aussi, on est aux antipodes de la vision parfois luxueuse des montres traditionnelles (un concept bien intégré par Withings, par exemple).
Au rayon des nouveautés intéressantes pour le grand public, retenons que :
- En levant le poignet et en parlant à sa montre, on lance automatiquement Gemini (qui fait aussi office de Google Assistant sur les montres et les téléphones Android). Pratique pour contrôler rapidement et facilement sa maison connectée. Également utile pour lancer une activité sans perdre du temps dans les menus, simplement « trouve mon téléphone » (qui le fera sonner). Une manière efficace et pratique d’utiliser l’assistance et l’IA de Google, on se rapproche de K2000 !
- La détection automatique de plusieurs activités sportives (telles que la course ou le vélo) s’améliore et devient de plus en plus précise au fur et à mesure de vos retours (confirmation ou changement du type d’activité détecté). Permet de ne plus se soucier de lancer manuellement des activités, c’est intéressant au quotidien.
- Le suivi du sommeil gagne en précision. C’est l’une des fonctions clés, selon moi, surtout pour ceux qui sont souvent fatigués. 18 % plus précise que la Pixel Watch 3, la 4 utilise un nouvel algorithme et de l’IA pour détecter les 4 phases de sommeil de vos nuits (éveil, paradoxal, léger et profond). C’est plus précis que les autres montres santé que j’ai pu essayer.
Scanwatch 2 (2025) de Withings (349€) : de plus en plus smart… à l’intérieur
Loin des mastodontes de l’électronique grand public tels que Samsung, Apple ou Xiaomi, Withings continue sa progression sur le marché en forte croissance, et au potentiel gigantesque, de la santé connectée. Incomparable en termes de capacités financières (un chiffre d’affaires annuel tournant autour des 100 millions d’euros) et de développement, l’entreprise française s’est fait un nom avec ses pèses personnes, ses montres, son récent BeamO (thermomètre/stéthoscope connecté) et son prochain analyseur… d’urine.

Une petite mise à jour (intelligente)
Optant pour l’approche inverse de Google qui se veut exhaustive, avec un magasin d’applications tierces et une puce GPS pour des mesures de localisation sans smartphone, Withings se contente, avec ses Scanwatch, d’une montre avec un très petit écran affichant quelques données de santé, permettant de lancer des mesures (ECG par exemple), des activités physiques ou un minuteur/chrono, dupliquant quelques notifications du smartphone (telle qu’un lent défilement d’un message WhatsApp). Et c’est tout. Tout le reste passe par l’application Withings, heureusement très bien agencée – une vision européenne (française) de l’interface utilisateur, qui fonctionne bien…
La mise à jour d’automne est mineure pour la Scanwatch 2 sortie il y a presque 2 ans. Elle ne change pas de nom, mais elle s’améliore subtilement. Son système d’exploitation (HealthSense 4), plutôt léger vous l’avez compris, est désormais boosté à l’IA pour détecter plus efficacement, et plus précocement, d’éventuels problèmes de santé (l’arrivée d’une grippe, par exemple). Le matériel principal est inchangé, y compris au niveau des capteurs (ECG, SpO2, température corporelle, rythme cardiaque) et du boîtier. Mais le logiciel optimisé permet de passer de 30 à 35 jours d’autonomie théorique. C’est 10 fois plus que les meilleurs modèles de Samsung ou Apple (qui ont des capacités logicielles plus importantes, avec un magasin d’application), et c’est 2 fois plus que les propositions plus sobres de Xiaomi ou Huawei. À noter : une nouvelle couleur apparaît pour la montre et son bracelet : un élégant bleu marine, celle de mon modèle de test.
L’application Withings ajoute la Vitalité
Il n’y a pas que la montre qui se met discrètement à jour. L’application Withings passe en version 8 et ajoute un score de vitalité, en plus des améliorations graphiques de l’interface. Dans l’application, en première position et comme la concurrence le propose depuis quelque temps, vous avez donc un score sur 100 qui se base sur 3 éléments : la récupération (basée sur la qualité du sommeil et la variabilité de la fréquence cardiaque de nuit), l’effort (l’activité physique comparée à votre niveau moyen) et les « signes vitaux nocturnes » (température, oxygène, fréquence respiratoire).

J’ai comparé les deux scores (celui de Fitbit/Google et celui de Withings), et la fourchette était réduite : 80 d’un côté, 77 de l’autre. Une cohérence rassurante pour cette mesure qui vous permet de savoir si vous êtes en forme physique suffisante pour pratiquer une activité sportive dans les meilleures conditions possibles. C’est également un indicateur global qui confirme un sentiment de fatigue physique ou moral, et il y a des conseils pour y remédier – même si ceux-ci sont assez évidents, comme se coucher plus tôt ou faire plus d’activités régulières.
Avec Withings, on a déjà droit à de l’IA générative, qui s’invite subtilement au cœur de l’écran d’accueil à travers des insights périodiques et ciblés – mais pas que (lire mon récent article). La concurrence n’a pas encore intégré ce concept d’IA générative au cœur de l’application, ce qui ne devrait tarder du côté de Fitbit (Google déploie Gemini un peu partout ces temps-ci). À que l’ensemble des conseils IA (pertinents et personnalisés, s’accompagnant d’une potentielle conversation) est réservé aux abonnés Withings+, donc ceux qui acceptent de débourser 99€/an ou 9€/mois. Du côté de Fitbit aussi, un abonnement existe (Premium, prix équivalent), mais Google s’est montré grand prince : il vient de sortir le score de vitalité (appelé Aptitude) des données réservées au payant…

Conclusion
Si vous avez envie de vous lancer dans la montre connectée uniquement pour le suivi de la santé et des activités, et si vous aimez le concept et le design des montres classiques, alors Withings est sans conteste la meilleure option du marché (avec en prime, une autonomie de 35 jours).
Si vous en demandez plus à un tel objet, comme des notifications complètes, beaucoup applications tierces (telles que Spotify, Google Maps ou le paiement sans contact), et l’affichage de nombreuses informations sur l’écran d’accueil, alors vous devez vous orienter vers les montres sous Android (ou l’Apple Watch si vous possédez un iPhone). La Pixel Watch est un choix intelligent, car elle met bien en valeur l’écosystème de Google sans être polluée par des applications maison parfois bancales, et sa finition est impeccable. Contrepartie inévitable : un look atypique tout en rondeur, et une autonomie moindre (même si Google parvient à atteindre les 3 jours, ce qui est rare pour ce type de montre).
Au niveau des prix, est dans la moyenne supérieure : la Scanwatch coûte 349€ et la Pixel 399€. La proposition de Samsung est moins onéreuse (à partir de 179€ pour la Galaxy Watch 7 à l’autonomie moindre), mais celle d’Apple est, comme souvent, plus chère : 449€ minimum pour la Watch 11.



















