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Trois nuits d'émeutes urbaines relayées en masse sur les réseaux sociaux: TikTok, Snapchat et consorts sont dans le collimateur du gouvernement, qui dénonce "une forme de mimétisme de la violence" et demande aux plateformes "d'organiser le retrait des contenus les plus sensibles".
"Incendies et tensions après la mort de Nahel", #Nahel, #nanterre, #police, #GuerreCivile... Les mots clés ou tendances suggérés par les algorithmes des réseaux sociaux renvoient en grande majorité vers les vidéos chroniquant la flambée de violence qui touche la France depuis le décès du jeune Nahel lors d'un contrôle policier à Nanterre mardi.
Sur Snapchat, réseau social très prisé de la jeunesse qui propose notamment une carte interactive permettant d'indiquer en temps réel les lieux où sont concentrées les publications, les vidéos de dégradations et d'affrontements avec les forces de l'ordre sont devenues virales.
"A l'époque (des émeutes) de 2005, on n'avait pas les réseaux sociaux. Aujourd'hui, ça va très vite", a alerté vendredi sur RMC Mohamed Mechmache, fondateur du collectif ACLEFEU, craignant que ces outils alimentent davantage les émeutes.
"Sur les réseaux sociaux, ça tournait en boucle en disant +on s'unit pour aller attaquer la police+. Ca n'a pas été aussi coordonné que ce qu'ils auraient sans doute espéré mais ça a été une réalité", a encore déploré Jean-Marc Luca, directeur départemental de la sécurité publique de l'Essonne.
Face à ce phénomène, Emmanuel Macron a dit vendredi attendre un "esprit de responsabilité" des grandes plateformes des réseaux sociaux, où s'organisent "des rassemblements violents" et qui suscitent "aussi une forme de mimétisme de la violence, ce qui conduit chez les plus jeunes à une forme de sortie du réel".
"On a le sentiment parfois que certains d'entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués", a-t-il aussi estimé dans une critique à peine voilée des jeux vidéo phénomènes "Grand Theft Auto" ou "Call of Duty Warzone", alors que de nombreuses vidéos inondant les réseaux sociaux y font référence, parfois de manière ironique voire humoristique.
- Réunion ministérielle avec les plateformes -
"Nous prendrons dans les prochaines heures plusieurs dispositions (...) d'abord en lien avec ces plateformes", a encore annoncé le chef de l'État.
Une réunion entre le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, celui du Numérique Jean-Noël Barrot et les plateformes numériques était prévue à 18h30, afin de demander leur "appui" notamment pour "identifier les utilisateurs de réseaux sociaux qui participent à la commission d'infractions", a annoncé Matignon.
Contactés par l'AFP, Meta (Facebook, Instagram) et TikTok n'avaient pas fait de commentaires dans l'immédiat.
"Ce serait une erreur de (focaliser) trop d'attention sur ça, de choisir les réseaux sociaux comme boucs émissaires d'un phénomène qui est finalement une crise sociale et démocratique", commente auprès de l'AFP Leïla Mörch, experte en gouvernance de l'internet et modération des contenus en ligne.
"Les réseaux sociaux l'embrasent, la mettent sous une lumière encore plus forte. C'est vraiment un miroir déformant de la réalité. Mais, en l'occurrence, ils ne sont absolument pas la cause. En 2005, il n'y avait pas les réseaux sociaux et les émeutes avaient duré le temps qu'on connaît", ajoute-t-elle.
Face à l'urgence de la situation, quelles sont les mesures possibles ?
"Dans des moments comme ça, on ne peut réagir qu'à chaud en supprimant du contenu en masse pour éviter de nourrir une sorte de cercle de la haine. Mais c'est liberticide et donc ce n'est une solution qu'à très court terme", qu'on réemploie "à chaque fois qu'il y a une crise", prévient encore la chercheuse, estimant que les réseaux sociaux ne sont pas capables de "se poser la question d'un changement du modèle au global."
Le Parlement français a voté jeudi l'obligation pour les plateformes comme TikTok, Snapchat ou Instagram de vérifier l'âge de leurs utilisateurs et le consentement des parents quand ils ont moins de 15 ans.
En théorie, les réseaux sociaux ne sont pas ouverts aux moins de 13 ans. Mais la première inscription y interviendrait en moyenne vers huit ans et demi, et plus de la moitié des 10-14 ans y sont présents, selon des données de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL).