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La vaccination contre la grippe reflète les inégalités sociales, selon un constat des Mutualités libres révélé lundi. Il y a en effet jusqu’à 20 % d’écart de couverture entre les plus et les moins favorisés. Elles appellent dès lors à cibler davantage les campagnes pour protéger les groupes à risque, à l’image de ce qui s’est déjà fait avec succès avec les personnes âgées, dont le taux de vaccination a significativement augmenté.
En 2024, les taux de vaccination des groupes à risque parmi les 2,3 millions d’affiliés des Mutualités Libres étaient toujours inférieurs aux objectifs européens de 75 %. Ils atteignaient 50,2 % chez les +65 ans, 42,1 % chez les malades chroniques et 16,4 % chez les femmes enceintes, sachant que les pourcentages de ces deux dernières catégories sont sous-estimés puisque les données de vaccination chez l’employeur n’ont pas été incluses à l’étude.
En baisse depuis 2020
Depuis 2020, ces taux sont en outre en baisse dans les deux premiers groupes, pointent les Mutualités Libres, présentes en Wallonie et à Bruxelles via Partenamut.
Les taux de vaccination augmentent par ailleurs avec le statut social, et ce peu importe l’indicateur pris en compte : indice de défavorisation belge, statut de bénéficiaire de l’intervention majorée ou revenu médian. Chez les plus de 65 ans, ils sont ainsi de 59 % dans les quartiers les plus favorisés contre 43 % dans les moins favorisés. Parmi les malades chroniques et les femmes enceintes, ces pourcentages sont respectivement de 50 % contre 36 % et de 26 % contre 11 %.
La couverture des bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM) est aussi plus faible : -11,2 % chez les seniors, -5,6 % chez les malades chroniques et -12,6 % parmi les femmes enceintes.
« Un manque de temps, de moyens ou d’informations ne devrait pour personne être une raison de ne pas se faire vacciner »
« Les écarts peuvent atteindre 20 % entre personnes plus et moins favorisées. Ils s’observent pour tous les groupes à risque et confirment l’importance de mieux cibler les campagnes de vaccination », résume Judith Racapé, experte scientifique aux Mutualités Libres. « Un manque de temps, de moyens ou d’informations ne devrait pour personne être une raison de ne pas se faire vacciner. »
D’autres variables peuvent encore influencer la couverture vaccinale. La probabilité de se faire vacciner augmente par exemple avec l’âge et le nombre de maladies chroniques. Des écarts régionaux persistent aussi : 58,5 % des 65+ sont vaccinés en Flandre, contre 44,7 % en Wallonie et 43,3 % à Bruxelles.
En pharmacie
Depuis 2023, les pharmaciens peuvent administrer le vaccin contre la grippe. Leur part est passée de 20 % en 2023 à 34 % en 2024, avec un pic de 49 % dans la capitale (là où il était de 32 % il y a deux ans). Ce canal séduit surtout les jeunes, les non-vaccinés en 2023 et les personnes sans Dossier Médical Global, analysent les Mutualités Libres.
L’an dernier, ces dernières avaient mené une campagne test de sensibilisation à destination de ses affiliés de plus de 65 ans. Et « l’impact s’est fait sentir », selon elles : 14,1 % des personnes non vaccinées en 2023 se sont fait vacciner en 2024 (contre 10,6 % sans rappel). Parmi les personnes déjà vaccinées, 92,4 % ont répété la vaccination (contre 89,1 %).
Certaines catégories restent toutefois difficiles à atteindre, déplorent les Mutualités Libres : femmes enceintes, personnes bénéficiant de l’intervention majorée et socialement vulnérables, plus de 80 ans ou personnes non vaccinées contre la grippe les années précédentes. Pour renforcer la couverture vaccinale contre la grippe et réduire les inégalités, elles appellent dès lors à, notamment, renforcer la stratégie vaccinale en mobilisant tous les professionnels de santé et les mutualités et à cibler les campagnes en fonction des personnes à risque.



















