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Tout d’abord, une nova, ça désigne « tout simplement une nouvelle étoile. C’est comme ça que nos ancêtres les ont appelées. On voyait parfois, de temps en temps, une nouvelle étoile parmi les autres. Nova signifiant nouveau », explique l’astrophysicienne.
Mais cette nouvelle étoile-ci est différente. Il s’agit d’une étoile binaire, un système constitué d’un « cadavre de soleil qui est en couple avec une grosse étoile rouge, froide », soit l’état dans lequel le soleil devrait se trouver à la fin de sa vie dans environ 4,5 milliards d’années. « Cette grosse étoile rouge perd de la matière et le petit cadavre à côté, c’est un vampire. Il va récupérer, cannibaliser cette étoile rouge, récupérer la matière. Le problème, c’est que les cadavres de soleil ne peuvent pas devenir trop gros. Cette matière va s’accumuler, mais au bout d’un moment, il y a trop de matière, ça pèse beaucoup et cette matière va s’enflammer. C’est comme une bombe nucléaire qui va se faire, mais à la surface de ce cadavre d’étoile. Du coup, ça va être très lumineux et ça aura l’apparence d’une étoile. Évidemment, vous imaginez bien que ça explose », puis disparaît, détaille Yaël Nazé.
« Ce n’est pas une horloge »
« Après, l’étoile continue à être cannibalisée. Donc, ça peut revenir. On a comme ça une nova récurrente » dont on attend aujourd’hui la résurgence. « La première fois qu’on l’a vue, c’est en 1866. Puis, on l’a vue en 1946. Il y avait 80 ans entre les deux. C’est vraiment la flambée, l’explosion. Et puis après, ça se calme. Il faut attendre qu’il y ait encore suffisamment de matière qui s’accumule pour pouvoir avoir de nouveau une explosion. Et jusqu’ici, on a vu deux fois qu’elle avait explosé, séparées par 80 ans. Et alors, les gars se sont dit « Ouais, allez, on rajoute 80. » Et ça tombe, justement, en 2025-2026. Et donc, ça fait un an que les gens se disent : « Oui, elle va péter le mois prochain. » Mais en fait, non. Et donc, il suffit d’attendre. Elle le fera à un moment, mais ce n’est pas non plus une horloge quoi. »
« Comme un diamant de plus sur le diadème » d’une constellation bien connue

Où se situera-t-elle ? Puisqu’il s’agit de l’étoile T de la Couronne Boréale, elle se situera logiquement dans la constellation de la Couronne Boréale, explique-t-elle. « Si elle devient aussi brillante que la dernière fois, c’est quand même pas mal. Elle sera l’étoile la plus brillante de la constellation de la Couronne Boréale. Donc ça va vraiment être un changement. Cette couronne, c’est vraiment comme un petit diadème et c’est comme si on avait un diamant qui apparaît sur ce diadème. »
Et s’il peut paraître étonnant d’entendre une astrophysicienne parler de constellation comme en astrologie, cela a du sens. « Les constellations, on les utilise. Ce sont des dessins. Chacun a groupé les étoiles un peu comme il le voulait. Ça fait à peu près 100 ans qu’un Belge a fait la liste définitive, la carte complète des constellations avec les frontières entre constellations. C’est utile pour les astronomes tout simplement pour avoir un repère. Tout comme une carte de géographie va être extrêmement intéressante pour les géographes. Nous aussi, on a besoin d’une carte pour savoir où se trouvent les choses. »
TCRB se trouve à 2600 années-lumière, et donc si elle explose, ça voudra dire qu’on verra un évènement qui s’est déroulé il y a 2600 ans. En comparaison, l’étoile la plus proche de nous, Proxima du Centaure, n’est qu’à 4 années-lumière, soit 40 000 milliards de kilomètres. On peut voir environ 6000 étoiles à l’œil nu depuis la Terre, 3000 par hémisphère, et une nouvelle étoile, donc une nova, on en compte jusqu’à « une dizaine par siècle. Ça reste quand même exceptionnel », conclut-elle.


















