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Mihaela Miloiu, une prostituée roumaine de 18 ans, tuée "sauvagement" en Suisse: un travailleur frontalier vient d'être condamné

Confondu après une enquête minutieuse et acharnée, un travailleur frontalier français, Alexandre Verdure, a été condamné vendredi à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Doubs pour le meurtre "sauvage" d'une jeune prostituée roumaine, commis en 2016 en Suisse. Au terme de trois jours d'audience, la cour a reconnu cet ancien agent de sécurité coupable du meurtre de Mihaela Miloiu, dont le corps nu avait été retrouvé dans la forêt communale du Frasnois (Jura).

Alexandre Verdure, qui vivait avec sa femme et son fils à Mouthe (Doubs) au moment des faits, a toujours contesté avoir tué cette Roumaine de 18 ans dans la nuit du 29 au 30 novembre 2016 à Sullens (Suisse). "Je veux pas prendre pour un crime que j'ai pas commis", a-t-il encore déclaré vendredi avant que la cour ne se retire pour délibérer.

Selon lui, il venait d'avoir un rapport sexuel tarifé avec la jeune femme lorsque deux hommes ont surgi et l'ont tuée, avant de lui ordonner de "faire le nécessaire" pour se débarrasser du corps. Il a ensuite transporté et abandonné le cadavre défiguré et martyrisé en France.

Il y a eu 15 coups pour lui fracasser la tête

L'avocat général Etienne Manteaux, qui a requis 30 ans de réclusion, a demandé aux jurés de prendre en compte "la sauvagerie" avec laquelle la jeune femme a été "mise à mort" ainsi que "la personnalité inquiétante" de l'accusé. Ce dernier n'a pas montré "la moindre émotion" face au sort subi par la victime, a-t-il souligné, évoquant un "risque de récidive".

Le magistrat s'est attaché à démonter la thèse de l'accusé d'un meurtre commis par les proxénètes : leurs portables ne "bornaient" pas au même endroit que celui de la prostituée et, selon les écoutes téléphoniques, les membres du réseau la recherchaient quand ils ont réalisé qu'elle avait disparue.

Mais surtout, "il y a eu 15 coups pour lui fracasser la tête, 26 coups de couteau et pourtant seul l'ADN de M. Verdure a été retrouvé" sur la jeune femme, a souligné M. Manteaux, relevant les multiples mensonges de l'accusé.

Une correction parce qu'elle voulait partir

"Leur rapport sexuel s'est peut-être mal passé, on sait qu'il a des difficultés avec le préservatif. Est-ce qu'il a été humilié ?", s'est interrogé l'avocat général, convaincu que "c'est dans ce contexte en tout cas qu'il lui a donné la mort". Des "hypothèses", a fustige Me Emmanuelle Huot, mettant en exergue l'absence de mobile "sérieux" d'un accusé "qui pendant 30 ans n'a pas fait parler de lui".

Ses proches se sont unanimement dit "sidérés" des accusations dont il faisait l'objet, décrivant un ex-jeune sapeur-pompier et gendarme réserviste "gentil", "serviable", avec "le cœur sur la main". Pour Me Huot et son confrère, Me Sylvain Cormier, les proxénètes "ont pu vouloir lui donner une correction parce qu'elle voulait partir".

Le corps de Mihaela Miloiu a été retrouvé le 15 décembre 2016 au Frasnois. Elle était méconnaissable, les os du visage et les dents brisés par une multitude de coups. L'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) avait effectué une reconstitution faciale de la jeune femme afin d'établir son portrait-robot en 3D.

Elle va passer de la rencontre d'un manipulateur à la rencontre d'un psychopathe

Ce sont finalement deux gendarmes français et suisse qui ont fait le rapprochement avec une carte d'identité au nom de Miheala Miloiu retrouvée à Sullens, à proximité de traces de sang. Un forage dans le béton avait permis d'extraire de l'ADN, qui s'est avéré être celui de "l'inconnue du Frasnois".

Alexandre Verdure avait finalement été mis en cause après s'être rendu le 30 novembre 2016 à l'hôpital de Pontarlier (Doubs) pour faire soigner une main. Née dans une "région particulièrement pauvre" de Roumanie, près de Bucarest, la victime "a été trahie par son désir d'amour, son désir d'affection, de confort matériel et d'accès au luxe", a plaidé l'avocat de ses parents, Me Jean-Baptiste Jacquenet-Poillot.

Tombée amoureuse d'un "Lover boy", proxénète qui l'avait séduite à la sortie du collège, elle l'avait suivi en Suisse où il la prostituait, exerçant une "véritable emprise" sur elle. "Elle va passer de la rencontre d'un manipulateur à la rencontre d'un psychopathe", constate le conseil, qui n'a aucun doute : "le dernier regard qu'elle a croisé, c'est le regard fou, atroce, de M. Verdure".

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