Partager:
"Stop A69!": la militante écologiste Greta Thunberg est venue samedi apporter son soutien aux opposants au projet d'autoroute Toulouse-Castres, lors d'une mobilisation qui se voulait festive mais a été assombrie par des affrontements entre zadistes et forces de l'ordre.
"Nous sommes ici en solidarité avec ceux qui résistent à ce projet et à cette folie", a déclaré la jeune activiste suédoise, arrivée sous la pluie à Saïx, à quelques kilomètres à l'ouest de Castres (sud de la France), avec une délégation de militants français et internationaux venus notamment de Belgique, de Suède et d'Espagne.
Imperméable fuchsia, capuche grise et Keffieh palestinien autour du cou, elle a dénoncé un projet qui "non seulement va détruire la nature et des terres inestimables, mais va aussi nous enfermer dans un système toxique fondé sur l'exploitation, l'extraction et la pollution".
"Cela doit cesser", a-t-elle ajouté s'exprimant en anglais, avant de dire en français: "Stop A69!". Elle a indiqué qu'elle serait dimanche dans la région de Bordeaux pour soutenir les opposants à un projet d'exploitation pétrolière.
Greta Thunberg était venue à Saïx pour participer à une "cabanade", un weekend d'ateliers, de tables rondes et de concerts organisés dans un hangar sur un terrain privé, qui a rassemblé 350 personnes samedi selon la préfecture.
- Usage massif de gaz lacrymogènes -
Dans le même temps, à environ 300 à 400 mètres de là, une cinquantaine de policiers ont fait face pendant des heures à des activistes occupant une "ZAD" (zone à défendre) constituée notamment de cabanes construites dans des arbres sur le parcours de la future autoroute, pour tenter d'empêcher la poursuite du chantier.
Les forces de l'ordre, cantonnées sur une route, ont fait un usage massif de gaz lacrymogène mais n'ont pas pu pénétrer dans la ZAD, située sur un terrain privé au-delà d'un champ et d'une voie de chemin e fer.
Les activistes s'y réfugiaient, puis en sortaient, renvoyant les bombes lacrymogènes aux policiers et d'autres projectiles à l'aide de raquettes de tennis, selon un photographe de l'AFP.
"Une centaine d'individus bloque la voie ferrée entre Toulouse et Castres et ils ont mis des obstacles dessus. Les individus avaient mis en place trois barricades et en ont enflammé une, les gendarmes ont réussi à rouvrir le chemin communal qui avait été bloqué", a indiqué la préfecture dans un message.
Greta Thunberg et les autres membres des délégations sont restés dans le hangar pour écouter des prises de paroles et échanger avec les militants.
"J'ai grandi à Toulouse. Quand il y a des contestations écologiques en France, j'y vais. On a besoin de faire barrage, on n'a pas le temps d'attendre que notre génération arrive aux manettes", a expliqué Amine Messal, un Français de 25 ans qui se définit comme un "activiste international" et un membre de l'association La Voix est Libre, qui a convaincu Greta Thunberg et les autres représentants de venir soutenir les militants du Tarn.
Vendredi, le préfet du Tarn avait annoncé avoir "pris un arrêté d'interdiction de manifestation et de rassemblement" samedi et dimanche à Saïx, évoquant "des risques de troubles majeurs à l'ordre public".
"Le rassemblement sur un domaine privé, avec l'accord du propriétaire, ça, ce n'est pas interdit", ont toutefois précisé samedi à l'AFP les services de la préfecture.
Ces derniers mois, le mouvement de protestation semblait s'essouffler, alors que "45% du budget" du chantier a été engagé et "95% du déboisement" effectué, selon la société Atosca, concessionnaire de l'autoroute.
La présence de Greta Thunberg "permet d'inscrire pleinement la lutte contre l'A69 au niveau international et national et engage les responsables politiques à prendre la mesure de leur entêtement", avait souligné vendredi un des collectifs organisateurs, No Macadam.
Le gouvernement français est décidé à mener "jusqu'à son terme" cette portion d'autoroute, qui réduirait d'environ vingt minutes le trajet Castres-Toulouse et doit être mise en service en 2025. "Chère Greta Thunberg (...) l'autoroute A69 répond à un besoin vital pour le Tarn et ses habitants", a déclaré vendredi le président du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond.