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Pendant près de trois ans, Joannes M., 40 ans, a exercé comme médecin en soins palliatifs dans la capitale allemande. Mais derrière ce rôle de soignant, la justice allemande soupçonne une série noire de meurtres soigneusement dissimulés. Il aurait injecté à au moins 15 patients un cocktail de médicaments à leur insu, entraînant une paralysie des muscles respiratoires et la mort en quelques minutes.
« Le caractère insidieux de ces actes réside dans le fait que nous présumons l’innocence et l’impuissance des victimes », explique Sebastian Büchner, porte-parole du parquet de Berlin. « Autrement dit, elles n’ont pas attaqué, ne savaient pas qu’elles seraient tuées et étaient donc incapables de réagir ou d’appeler à l’aide. »
Des incendies pour couvrir ses traces
Les injections létales auraient toutes eu lieu au domicile des patients. Pour masquer son implication, Joannes M. aurait ensuite mis le feu aux appartements. Ce sont ces incendies à répétition, observés dans plusieurs cas de décès, qui ont alerté les autorités berlinoises et conduit à l’ouverture d’une enquête.
Le travail d’identification a nécessité l’exhumation de 12 corps. Marc Benecke, médecin légiste, souligne la complexité mais aussi la possibilité de retracer les substances toxiques utilisées : « Le corps ne se décompose pas aussi vite qu’on ne le pense. Les poisons administrés sur une longue période se déposent dans les cheveux. Avec un peu de chance, on peut également détecter et extraire des toxines des tissus corporels. »
Sur les 395 décès dans lesquels Joannes M. est intervenu en tant que médecin, 90 présentent des éléments suspects. Pour l’heure, seuls 15 dossiers sont suffisamment étayés pour être jugés, mais 75 autres cas restent sous enquête.
Un procès attendu par des dizaines de familles
Le suspect, actuellement en détention, n’a pas reconnu les faits. Le mandat d’arrêt a été élargi à plusieurs reprises, au fur et à mesure que de nouvelles accusations émergeaient.
De nombreuses familles berlinoises espèrent que ce procès permettra enfin de faire la lumière sur la mort de leurs proches. Certains accusent déjà une trahison inacceptable de la confiance qu’on place dans un soignant. L’issue judiciaire devra désormais déterminer si Joannes M. a effectivement abusé de sa fonction pour ôter la vie à ceux qu’il était censé accompagner dans la dignité de leurs derniers jours.
