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Un « médecin-tueur en série » jugé en Allemagne : il est soupçonné d’avoir tué consciemment près de 100 personnes

Par RTL info avec AFP
À Berlin, un médecin en soins palliatifs est jugé pour le meurtre de 15 patients et soupçonné d’en avoir tué jusqu’à 96. Il aurait abusé de sa position pour administrer des substances mortelles, parfois en incendiant les lieux pour dissimuler ses actes.

Le procès d’un médecin spécialisé dans les soins palliatifs à domicile, accusé du meurtre de quinze patients et soupçonné d’en avoir tué six fois plus, s’est ouvert lundi à Berlin.

« Il a sciemment profité de la confiance totale qui lui était accordée en tant que médecin (…) et s’est comporté en ‘maître de la vie et la mort’», a affirmé le procureur Philipp Meyhöfer, en lisant l’acte d’accusation. Visage rond, cheveux bouclés et yeux clairs, Johannes M., 40 ans, ne s’est exprimé que pour donner des informations sur son identité.

Marié et père d’un enfant, il pourrait être le plus grand tueur en série des dernières décennies dans l’Allemagne de l’après-guerre, selon les journaux du pays : 96 autres décès suspects, dont celui de sa belle-mère, font actuellement l’objet d’une enquête, selon le parquet.

Atteinte d’un cancer, la mère de son épouse est morte le week-end où le couple lui avait rendu visite en Pologne, début 2024. Pour le moment, il est poursuivi pour avoir tué douze femmes et trois hommes à Berlin entre septembre 2021 et juillet 2024.

« Il a rendu visite à ses patients sous prétexte de soins médicaux et a annoncé des visites à domicile avec déjà l’intention de tuer », a affirmé le procureur. Il aurait administré à ses patients, âgés de 25 à 94 ans, « sans indication médicale ni consentement », un sédatif suivi d’un relaxant musculaire.

Cette association entraîne « une paralysie des muscles respiratoires » puis « un arrêt respiratoire et la mort en quelques minutes ». Dans au moins cinq cas, il est soupçonné d’avoir mis le feu au domicile de ses victimes pour masquer ses crimes.

D’après plusieurs médias allemands, Johannes M. a étudié scientifiquement les homicides dans le cadre de sa thèse de doctorat en médecine, achevée en février 2013 quand il avait 28 ans. « Pourquoi les gens tuent ? » Ainsi commençait son mémoire, dans lequel il se penchait notamment sur les homicides non détectés et les homicides de patients.

C’est fin juillet 2024 que sa cheffe a sonné l’alarme auprès de la police, selon l’hebdomadaire Die Zeit. Au sein de ce service berlinois de soins à domicile, elle trouve étrange que tant de patients de Johannes M. meurent si soudainement et que tant d’appartements brûlent au moment des décès.

Le médecin est interpellé début août à son retour de vacances, au départ pour le meurtre de quatre patientes. Mais la liste de ses victimes présumées s’allonge : elle passe à huit en novembre, dix en février, puis quinze en avril.

L’été de son arrestation, il est soupçonné d’avoir tué deux patients le même jour : le matin du 8 juillet, un homme de 75 ans dans son logement du quartier Kreuzberg, dans le centre de Berlin, puis, « quelques heures plus tard », une femme de 76 ans, dans l’arrondissement voisin de Neukölln, où il met le feu à son appartement.

Pas d’aveux

Jusqu’ici, Johannes M. n’a pas avoué les faits. Le suspect « n’aurait pas eu d’autre motif que l’homicide », estime le parquet. Celui-ci requiert une condamnation assortie d’une reconnaissance de gravité particulière, entraînant un supplément de détention, et une interdiction à vie d’exercer la médecine.

D’ici à janvier prochain, au moins 35 audiences sont prévues dans le cadre de ce procès. Cette affaire fait écho au cas d’un soignant tueur en série qui avait sévi au début des années 2000 : Niels Högel, un ex-infirmier souffrant d’» un trouble narcissique sévère », selon les psychiatres, avait été condamné en juin 2019 à la perpétuité pour le meurtre d’au moins 85 patients dans deux hôpitaux en Basse-Saxe, dans le nord-ouest de l’Allemagne.

Entre 2000 et 2005, il avait provoqué des arrêts cardiaques chez des patients choisis arbitrairement pour essayer ensuite de les réanimer, espérant ainsi passer pour un héros auprès de ses collègues. Les enquêteurs estimaient alors que le bilan pourrait en réalité dépasser les 200 victimes, de nombreux patients ayant été incinérés.

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