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Kenza paye une agence 6.000€ pour un voyage linguistique à Malte : « L’école m’a convoquée car elle n’avait reçu aucun paiement »

Par Gaetan Willemsen
Kenza, de Braine-l’Alleud, est victime de la faillite d’une agence d’organisation de séjours linguistiques réputée auprès des francophones. Si elle a eu beaucoup de chance grâce à la bienveillance de son école à Malte, d’autres ont payé des dizaines de milliers d’euros pour rien et doivent parfois repayer le double s’ils veulent terminer leur séjour. C’est le cas de Rachel, qui a décidé de rentrer en France. Toutes les victimes espèrent désormais qu’à la fin de la procédure, il restera assez d’argent pour les indemniser.

« J’ai été victime d’une fraude par l’agence AILS, une agence réputée et internationale spécialisée dans les séjours linguistiques », nous a écrit Kenza, 27 ans, via notre bouton orange Alertez-nous.

« J’ai payé un montant total de 6.000€ pour un séjour linguistique à Malte, couvrant l’hébergement et les cours. » Arrivée à la mi-octobre pour deux mois et demi à côté de La Valette, Kenza suivait ses cours normalement à l’IELS (Institute of English Language Studies) quand, fin novembre, « l’école m’a convoquée car elle n’avait reçu aucun paiement », détaille-t-elle. « J’ai tenté de joindre l’agence mais elle était totalement injoignable. »

Et pour cause, l’entreprise suisse AILS (Agency for International Language Study) SA a en réalité fait faillite. « Nous vous informons que la société AILS SA a déposé le bilan le 5 novembre 2025 auprès du Tribunal de première instance du canton de Genève », peut-on d’ailleurs lire sur leur site internet. Ils ont dès lors cessé toute communication et « l’ensemble des créances sera traité exclusivement par l’Office des faillites du canton de Genève ».

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Capture d’écran www.ails.ch

Pour Kenza, cette histoire sera restée une simple frayeur, grâce à l’école maltaise. « L’école a accepté que je puisse tout continuer, le logement à la résidence et les cours, sans devoir rien payer jusqu’à la fin de mon séjour » fin décembre.

Mais pour beaucoup d’autres, c’est un cauchemar. Sur l’île méditerranéenne, elles étaient deux à avoir fait confiance à l’agence AILS, elle et Rachel, une jeune Française de 20 ans. Comme Kenza, l’école a pris à sa charge les cours jusqu’à fin décembre et l’a également logée gratuitement car elle a dû quitter sa famille d’accueil qui « n’avait plus reçu de paiement depuis la mi-novembre », témoigne-t-elle.

Mes parents ont déboursé 17.000€
Rachel

Mais Rachel, arrivée fin septembre, devait normalement rester là jusqu’au 29 mai. « Mes parents ont déboursé 17.000€. Ils ont fait des prêts pour ce voyage où je n’ai pu faire que trois mois au lieu de huit », déplore-t-elle. Car, face à l’impossibilité pour eux de débourser une deuxième fois cette somme, elle est rentrée en Bretagne, très déçue. Elle avait en effet pris une année de césure après son BTS pour apprendre l’anglais, ce qui devait lui ouvrir les portes d’une école supérieure où elle aurait pu obtenir un Bac+3.

Toutes les deux sont en contact via un groupe WhatsApp avec les autres étudiants dans le monde qui sont dans le même cas. Et toutes les écoles n’ont pas réagi comme celle de Malte. « Ceux qui sont en Australie doivent repayer l’école en plus de ce qu’ils avaient déjà payé à l’agence », explique Kenza.

Certaines personnes avaient payé l’agence pour un séjour en 2026 qui n’aura donc jamais lieu, et huit jeunes risquent en ce moment l’expulsion de leur logement et de leur école à Brisbane, selon nos confrères de La Tribune de Genève qui ont recueilli le témoignage d’une maman suisse. « Aucune assurance ne prend en charge la perte financière », déplore-t-elle, ajoutant que « nos protections juridiques préconisent de payer une seconde fois et de se mettre partie à la faillite, tout en précisant que nous n’avons presque aucune chance de récupérer quelque chose. »

Peu de chances de revoir leur argent

Pour bien comprendre le problème, il faut voir ce que dit la Loi fédérale suisse sur la poursuite pour dettes et la faillite. Selon celle-ci, les clients qui ont payé un séjour qui ne sera pas fourni, tout comme les écoles ou les logements qui n’ont pas été payés, deviennent des créanciers non garantis de la faillite, appelés « créanciers chirographaires ». Ceux-ci sont les troisièmes et derniers dans la liste des créanciers qui seront remboursés avec les actifs restants de la société.

Cet argent permettra d’abord le remboursement des créanciers dits de première classe, pour payer par exemple le salaire des employés ou les contributions sociales impayées. Viennent ensuite ceux de deuxième classe, parmi lesquels le paiement des assurances sociales ou primes obligatoires. Et enfin seulement les clients et prestataires lésés, qui seront remboursés proportionnellement à leur créance en fonction de l’argent restant… s’il en reste. Il est en effet fréquent qu’il ne reste rien ou presque pour cette catégorie lors de la faillite d’une entreprise de services.

Les parents de Rachel, comme l’école maltaise, doivent maintenant déclarer leur créance auprès de l’Office des faillites de Genève et fournir toutes les preuves de paiement. « Là, on attend de leurs nouvelles », explique-t-elle. Kenza, elle, ne devra pas rembourser l’IELS de Malte. « Je suis très chanceuse », reconnaît-elle.

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