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Wolf, un combattant belge volontaire, nous raconte l'horreur de la guerre en Ukraine et... ses odeurs: "On ne s'y fait jamais"

Wolf est un jeune de 22 ans qui servait dans l'armée belge. Il a rejoint la Légion internationale ukrainienne, dès les premiers jours de la guerre. De retour dans le pays le temps d'une permission, il a accordé un entretien à nos journalistes. Il a passé plus d'un an au front, il raconte son expérience et les traumas qui s'y greffent inévitablement.

Wolf, loup, c'est son nom de guerre. Le nom par lequel on l'appelle quotidiennement depuis maintenant un an et demi en Ukraine. Le jeune homme doit être prêt à tout moment. Il doit pouvoir être au front en 48 heures. À 2.000 kilomètres d'ici, la vie est bien différente. Wolf vit les horreurs de la guerre et… il les sent: "Les principales odeurs que nous avons, sont des odeurs de cadavres en décomposition. On ne s'y fait jamais", dit-il. Quand il ne s'agit pas d'êtres humains putréfiés, l'air ambiant a "l'odeur du soufre et de la poudre".

Le légionnaire se souvient de la première fois où il a pénétré dans l'Ukraine en guerre, après "une formation rapide vu qu'il y avait une mission en approche": "Ça a tapé pour la première fois dans un village. J'avais une boule au ventre indescriptible et je me suis rendu compte à ce moment-là qu'on est des hommes et qu'on peut mourir." Il prononce ensuite une phrase qui fait froid dans le dos: "La guerre, c'est moche, mais on devient accro".

Son travail consiste "principalement" à "prendre d'assaut des positions précédemment perdues et essayer de repousser les Russes". En "essayant de les capturer ou…" de les tuer: "Ça nous arrive, malheureusement, ça fait partie du métier."

"Je fais des angoisses"

Un peu plus de 3.800€. C'est ce que gagne Wolf pour faire ce métier, très difficile, physiquement et mentalement. "Même s'il n'y avait pas le salaire, je continuerais à combattre là-bas", précise-t-il. S'il estime que la guerre "n'a pas affecté sa santé psychologique", le Belge reconnaît que ça l'a changé: "Ça affecte ma famille. Quand je suis parti, j'étais moins direct et moins brusque dans mes gestes qu'en revenant."

Le légionnaire explique aussi "faire des angoisses (sic) quand il y a un grand bruit dans son sommeil", et cela, même s'il est en Belgique. "Ça m'est déjà arrivé d'être en état d'alerte tout le long d'une promenade dans les bois parce que j'ai combattu dans des bois et voir certaines choses qui m'ont rappelé [ce que j'ai vécu] là-bas et ont fait que ça a déclenché ça en moi", raconte-t-il. Il dit que le retour à la vie civile quand il est en permission, comme c'est le cas pour l'instant, est rude: "Le principal souci que j'ai, c'est que je suis souvent les yeux au ciel pour le moment, par rapport aux drones russes qui font souvent du repérage pour nous taper avec l'artillerie."

Pour le reste, il confie avoir "des absences". Des moments où "on repense à ce qu'on a vécu là-bas". "Ce sont des choses qui sont difficiles à faire partir de la mémoire, même si on le voulait", témoigne-t-il.

Le répit n'est que de courte durée pour Wolf qui porte sa tenue militaire, même pendant ses congés. Il conclut en évoquant sa récompense quand il mène une mission à bien: "Le plus beau cadeau, c'est quand des familles et des enfants nous sautent dans les bras quand on revient des combats, quand on a libéré un village et qu'ils nous remercient en pleurant."

 

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