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C’est un record sous la Ve République : Sébastien Lecornu devient le Premier ministre le plus éphémère de l’histoire. Il a remis sa démission à Emmanuel Macron ce lundi 6 octobre dans la matinée, après une levée de boucliers provoquée par la composition de son gouvernement. Le chef de l’État français a accepté sa démission, mais lui a demandé de rester en charge des affaires courantes.
Selon un communiqué de l’Élysée, le président lui a confié la mission de mener « d’ici mercredi soir d’ultimes négociations afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays ».
Sur le réseau X, Sébastien Lecornu a confirmé avoir « accepté à la demande du Président de la République de mener d’ultimes discussions avec les forces politiques pour la stabilité du pays ». « Je dirai au chef de l’État mercredi soir si cela est possible ou non, pour qu’il puisse en tirer toutes les conclusions qui s’imposent », a-t-il ajouté.
Macron prêt à « prendre ses responsabilités »
L’Élysée a précisé que le président « prendra ses responsabilités » en cas de nouvel échec de Sébastien Lecornu à rassembler une majorité d’ici mercredi. Une formule qui laisse ouverte la possibilité d’un remaniement complet ou de la nomination d’un nouveau Premier ministre, selon l’issue des négociations menées par le chef du gouvernement démissionnaire.
Le cas Bruno Le Maire continue d’alimenter la crise
La situation du ministre nommé aux Armées, Bruno Le Maire, a également contribué à tendre le climat. L’ancien ministre de l’Économie posait problème au parti Les Républicains, avec lequel il entretient un véritable contentieux depuis son départ en 2017 pour rejoindre Emmanuel Macron.
Les Républicains le tiennent aussi pour partiellement responsable de la dette française, lui qui a dirigé Bercy pendant sept ans.
Bruno Le Maire a finalement demandé « à ne pas être chargé du ministère des Armées, même à titre provisoire ». Il souhaite quitter immédiatement le gouvernement, sans même assurer les affaires courantes. Son retrait, combiné aux consultations menées par Sébastien Lecornu, pourrait ouvrir la voie à une recomposition ou une reformation rapide du gouvernement.
Une crise institutionnelle inédite sous la Ve République
Pour Christophe Giltay, cette séquence politique « est déjà arrivée par le passé ». Il rappelle qu’« un Premier ministre démissionnaire a parfois été renommé dans la journée par le président de la République ». Mais la situation actuelle révèle, selon lui, une confusion institutionnelle plus profonde.
« C’est très compliqué ce qu’il se passe. En France, on a perdu l’habitude des régimes parlementaires depuis 1958 et l’instauration de la Ve République. On a donc perdu l’habitude de nommer des formateurs », explique-t-il.
« En réalité, depuis trois semaines, Sébastien Lecornu agissait comme un formateur, comme on le fait en Belgique. Ici, il aurait simplement rendu un rapport au président en disant qu’il n’arrive pas à former de gouvernement. Le président aurait alors désigné un autre formateur ou prolongé son mandat. Mais en France, comme il a été officiellement nommé Premier ministre, son échec à constituer un gouvernement l’a conduit à démissionner, ce qui crée une crise politique. »
Et Christophe Giltay de conclure : « Peut-être que la France devrait s’inspirer de ce qui se fait en Belgique. »


















