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En France, ce n’est pas encore la rentrée des classes – elle aura lieu la semaine prochaine –, mais c’est bel et bien la rentrée politique. Ce lundi après-midi, le Premier ministre François Bayrou tient une conférence de presse très attendue. Toujours menacé par une motion de censure et dans le viseur du mouvement « Bloquons tout », annoncé pour le 10 septembre, le chef du gouvernement prend les devants en dévoilant son programme. Fidèle au vieil adage : la meilleure défense, c’est l’attaque.
En politique, il y a les jeunes loups et les vieux renards. François Bayrou appartient clairement à la seconde catégorie. Le rusé Béarnais a passé ses vacances dans son bureau parisien à plancher sur le budget, ponctuant son été studieux d’interventions sur YouTube chaque dimanche. Une méthode inspirée de Franklin Roosevelt et de ses célèbres causeries au coin du feu. Ici, c’était plutôt une série de mises en garde au pied du ventilateur.
Le message est clair : il maintient son projet d’économiser 44 milliards d’euros. Aux Français de choisir, dit-il. Sa formule est simple et brutale : « C’est la chute de la falaise ou le chemin pour s’en sortir. » Mais en réalité, c’est surtout lui qui risque de tomber, tant les mesures annoncées sont impopulaires : maintien de la réforme des retraites, gel des prestations sociales, effort de 5 milliards d’euros sur les dépenses de santé, et surtout, suppression de deux jours fériés.
Au final, tout le monde ne parle que de ça : les deux jours fériés. Leur suppression est rejetée par 85 % des Français. C’est précisément là que le Renard joue sa carte maîtresse : le calcul du Premier ministre est sans doute de lâcher du lest sur ce point pour mieux faire passer le reste.
Mais cette affaire de jours fériés est aussi l’un des moteurs du mouvement « Bloquons tout », qui appelle à paralyser la France le 10 septembre. Un mouvement né sur les réseaux sociaux, sans leader apparent, et que certains comparent déjà à celui des Gilets jaunes. Il a surpris tout le monde : le gouvernement, mais aussi l’opposition, qui tente de s’y raccrocher. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon et « La France insoumise » appellent désormais à une grève générale ce même jour. Le problème, c’est qu’il n’a pas consulté les syndicats, qui restent très réticents.
Autre inconnue : la motion de censure qui pourrait être déposée début octobre. Bayrou l’a répété dans ses « causeries » : avec son gouvernement centriste, il est minoritaire. Il en appelle donc à la responsabilité des partis dits de gouvernement. Il a même confié à un socialiste une étude – un peu démagogique – sur les éventuels avantages indus des responsables politiques. Son objectif : que le PS s’abstiennent.
Quant aux députés RN de Marine Le Pen, ils répètent chaque jour qu’ils voteront la censure en l’état du projet gouvernemental. Mais mêleront-ils leurs voix à celles des Insoumis, comme ils l’avaient fait l’an dernier pour renverser Michel Barnier ? Mystère.
François Bayrou dispose de deux atouts : la division des oppositions et la menace de dissolution. Et il n’est pas certain, en ces temps troublés, que les députés soient prêts à remettre leur siège en jeu. Comme disait ma grand-mère : un tien vaut mieux que deux tu l’auras.


















