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49.3, chiffre béni mais aussi chiffre maudit pour les gouvernements français. C’est en utilisant cet article que le cabinet Barnier est tombé il y a un an, mais grâce à lui Michel Rocard a sauvé 28 fois sa tête entre 1988 et 1991. Cet article permet au gouvernement français de faire voter des lois ou le budget sans vote. En revanche, l’opposition peut déposer une motion de censure et si elle recueille la majorité absolue à l’Assemblée nationale, soit 289 voix, le gouvernement est renversé.
Pris entre la droite et la gauche
Actuellement les débats au parlement s’éternisent sur le financement de la sécurité sociale. Quant au budget, il y a quelques jours, il n’a été voté que par un seul député sur 577. En toute logique le Premier ministre Sébastien Lecornu devrait utiliser cette bombe atomique institutionnelle pour se sortir du guêpier. Plusieurs leaders de la droite l’y incitent, dont le président du Sénat Gérard Larcher.
Le problème, c’est que Sébastien Lecornu a promis aux socialistes, théoriquement dans l’opposition, de ne pas utiliser le 49.3 et de laisser les débats aller jusqu’au bout. Il espérait ainsi obtenir une majorité de compromis à la belge sur son budget. En échange, les socialistes s’étaient engagés à ne pas le censurer en mêlant leur voix à celle des insoumis de Jean-Luc Mélenchon.
Si 49.3 il y a, Lecornu serait certainement renversé
Évidemment, si Lecornu ne tenait pas sa promesse, les cartes seraient rebattues et il aurait beaucoup de mal à sauver sa tête. Il se retrouve donc coincé entre les leaders de la droite qui le poussent à passer en force et ceux de la gauche qui veulent continuer à négocier la suppression de la réforme des retraites. Elle ferait passer l’âge de départ à la pension de 62 à 64 ans. Vous allez me dire en Belgique on court vers les 67. Oui, mais en Belgique, il y avait un accord de gouvernement. Là il n’y en a pas, juste un fragile pacte de non-agression.
Sébastien Lecornu l’a bien compris et sa porte-parole a répété hier qu’il ne ferait pas usage du 49.3. Un tel recours, a-t-il dit, ce serait acter l’échec des discussions parlementaires. Oui, mais le conditionnel n’est peut-être pas de mise car l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a annoncé que son groupe parlementaire Horizon, qui fait pourtant partie de la majorité de Sébastien Lecornu, ne voterait pas le budget.
Évidemment, se détournant ainsi de la Macronie, il se positionne en perspective des futures élections présidentielles de 2027. En 2017, Macron avait trahi Hollande, en 2025 c’est Philippe qui trahit Macron, autrefois Balladur avait trahi Chirac. Confidence pour confidence, en politique, les amis, ça n’existe pas.
















