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"La tempête va souffler et il a intérêt à bien se couvrir": François Bayrou va-t-il passer l'hiver ?

En France, le Premier ministre a prononcé, hier, son discours de politique générale. Une feuille de route très centriste qui ne devait fâcher personne... mais qui n'a pas rencontré l'enthousiasme. Résultat, la question est toujours la même : le gouvernement Bayrou passera-t-il l'hiver ?

D'après un sondage que François Bayrou a lui-même cité dans son discours, seuls 16% des Français pensent que le gouvernement tiendra. Comme il n'est dépourvu ni d'humour ni d'autodérision, il s'est interrogé sur les motivations de ces 16%. En tout cas, lui veut y croire et il a parlé comme s'il avait des mois, voire des années devant lui.

De l'avis général, le nouveau chef du gouvernement a multiplié les mains tendues et les intentions louables, mais il est resté dans un grand flou artistique. Un peu à l'image de ce moment burlesque quand il a mélangé ses feuilles et perdu le fil de son discours. Plus tard, ironisant sur ses 40 ans de vie politique, il a déclaré qu'il était néophyte et qu'il devait apprendre son nouveau rôle.

Au final, on a assisté à la dissertation parfois un peu brouillonne d'un agrégé de lettres qui inventait la beauté de l'art et rappelait l'étymologie du mot "laïc" qui vient du grec "laikos" et signifie "ce qui concerne le peuple", c'est-à-dire pour lui, l'unité du peuple français qu'il appelle de ses vœux.

Ça sentait bon, la politique d'autrefois, loin des discours technocratiques bourrés de chiffres chers aux leaders d'aujourd'hui.

Le problème, c'est qu'il a aigréné les bonnes intentions, et notamment le fait de ne pas supprimer de postes d'enseignants, mais sans expliquer comment il allait les financer. Il n'a pas dit un mot des impôts et très peu sur la réduction de la dépense publique. Tout cela est renvoyé à des études et des négociations ultérieures, avec l'aide des analyses de la Banque de France et de la Cour des comptes.

Et c'est là qu'on relève, une fois de plus, la différence entre la France et la Belgique. En Belgique, et on le constate en ce moment tous les jours, la coalition pressentie négocie longuement, dans tous les détails, mais quand elle se présente au Parlement, son dossier est prêt. En France, on nomme d'abord et on discute ensuite. Ça marche quand le gouvernement a une majorité absolue, mais là ce n'est pas le cas.

Une motion de censure a déjà été déposée par la France insoumise. Elle ne sera pas adoptée, car le Rassemblement national ne la votera pas. Mais l'épée de Damoclès est toujours là, avec deux dossiers qui pourraient tout changer et lui éviter la chute : le passage à la proportionnelle pour les élections législatives et la suspension de la réforme des retraites, qui serait soumise à un conclave avec les partenaires sociaux. Deux mesures que réclame l'opposition, mais que conteste son camp.

Bref, pour répondre à la question initiale, Bayrou passera peut-être l'hiver... mais la tempête va souffler et il a intérêt à bien se couvrir.

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