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« Les bijoux sont planqués en attendant que ça se tasse » : que peuvent faire les voleurs des objets subtilisés au Louvre ?

Par RTL info avec Aurélie Henneton et Amélie Bailly
Huit bijoux historiques inestimables appartenant à l’impératrice Eugénie ont été dérobés dimanche au musée du Louvre lors d’un cambriolage éclair. On sait que ces pièces sont répertoriées, mondialement connues et donc très difficiles à revendre. Alors pourquoi les voler ? Quel pourrait être l’intérêt des malfrats ?

Pour Pierre Dumont, expert en sûreté des œuvres, les pièces volées n’ont pas leur place sur le marché parallèle. Ces bijoux sont bien trop connus. Trouver un acheteur providentiel, c’est peu probable. Une piste : un commanditaire. « Ça va certainement être dans une collection privée, estime-t-il. Dans un pays éventuellement exotique ou par ici, ça n’a pas d’importance. Et ça ressortira peut-être un jour lors d’une succession ».

La croix byzantine volée à la cathédrale de Tournai en 2008 est toujours introuvable. Le vol peut être opportuniste pour la valeur des métaux qui sont alors refondus et les pierres retravaillées. « Les pièces sont invendables, estime Alexandre Giquello, président de l’hôtel des ventes Drouot. Mais elles sont constituées de matières précieuses. L’or a beaucoup augmenté ces dernières années puisqu’il a doublé en dix ans. Le diamant est une valeur refuge assez haute. Mais on est à 10, 20, 100 fois la valeur intrinsèque des objets puisque là il y a une valeur historique considérable ».

Il pourrait aussi s’agir d’une demande de rançon. L’« artnapping », comme c’est arrivé au musée de Mariemont pour une jarre, volée en trois minutes l’an dernier, retrouvée par la police. « Les vols qui se multiplient ces derniers temps sont des vols qui sont préparés, qui ciblent des œuvres en particulier et sont exécutés en quelques minutes. Donc les modes opératoires sont assez similaires. On peut penser qu’on a affaire à une association de malfaiteurs organisée, à des professionnels ».

Ces vols peuvent nourrir la criminalité organisée, particulièrement les antiquités à l’international qui peuvent être maquillées et leur histoire inventée. Frédéric Loore, journaliste chez Paris Match, évoque à cet égard « les antiquités du sang, pillées essentiellement au Proche-Orient, qui ont servi à financer des activités terroristes, notamment les réseaux de Daesh ». Dans le cas des bijoux du Louvre, l’objectif du vol reste flou : « Ce sont des pièces qui ne pourront pas être vendues en l’état parce qu’elles sont connues, répertoriées, documentées », explique Frédéric Loore.

En Belgique, pour le trafic de biens culturels, c’est clairement open bar.

Face aux réseaux, peu d’experts. En Belgique, dans la cellule policière spécialisée, seuls deux collaborateurs. « En Belgique, on ne cherche pas, constate Frédéric Loore. En Belgique, pour le trafic de biens culturels, c’est clairement open bar, je crois qu’on doit le dire ».

Alors que les vols se multiplient dans les musées, celui du Louvre questionne. « Pour l’instant, je pense que les bijoux sont planqués quelque part en attendant que ça se tasse un petit peu, dit Pierre Dumont. Et après, ils vont disparaître. Parce que les frontières, c’est un petit peu des passoires, puisqu’il n’y a plus de contrôle aux frontières ». L’art subtilisé refait parfois surface des décennies plus tard.

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