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Tout vient à point à qui sait attendre. Sébastien Lecornu avait déjà été annoncé comme successeur de Gabriel Attal, puis de Michel Barnier. En décembre dernier, c’était presque fait quand François Bayrou a exigé le poste en menaçant Emmanuel Macron de quitter sa coalition. Cette fois c’est la bonne.
En le choisissant le Président désigne non seulement un proche, mais le plus proche de ses ministres. D’autant que chargé des Armées depuis 2022, Lecornu a partagé avec lui ce domaine réservé ultrasensible, surtout depuis le début de la guerre en Ukraine. Ce Colonel de réserve a su séduire les militaires et de l’avis général il s’en est bien sorti.
Ce qui ne fut pas le cas lors de son précédent ministère, l’Outre-mer, où sous-estimant les revendications des indépendantistes de Nouvelle-Calédonie au sujet du corps électoral, il avait indirectement déclenché des émeutes qui ont fait plusieurs morts. Mais la Calédonie c’est loin et ce matin, personne ou presque, ne revient sur cet épisode.
En Métropole l’image de Sébastien Lecornu est celle d’un homme intelligent, expérimenté et discret, bon négociateur, apprécié pour avoir animé le grand débat pendant la crise des gilets jaunes.
Ça tombe bien car en annonçant sa nomination, Emmanuel Macron l’a chargé « de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et [de] bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois ». C’est seulement « à la suite de ces discussions » que le gouvernement sera constitué. En Belgique on appellerait ça un formateur.
Concrètement Lecornu va donc exercer les fonctions de Premier ministre en gardant le gouvernement Bayrou en affaires courantes, jusqu’à ce qu’il puisse former sa propre équipe.
Le problème de fond est toujours le même, il n’y a pas de groupe majoritaire au parlement. Pendant quelques heures les socialistes ont cru qu’Emmanuel Macron allait nommer l’un des leurs et qu’ils pourraient constituer une majorité allant de la gauche au centre.
Peine perdue, Sébastien Lecornu est plutôt un homme de droite, soutien de François Fillon pendant sa campagne de 2017 avant de rejoindre le candidat Macron. Il pourra donc compter sur l’appui de ses anciens amis Républicains qui souhaitent garder leurs portefeuilles.
Quant au Rassemblement national, il continue à réclamer une dissolution, mais plus modérément, peut être parce que Sébastien Lecornu a dîné avec Marine Le Pen, chez un ami, en mars 2024. Son objectif sera d’amadouer les uns et les autres pour éviter une censure et boucler un budget.
On y verra peut-être plus clair dès demain après la journée « bloquons tout » … quand le nouveau capitaine aura affronté sa première tempête.
