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En septembre 2024, un commissaire-priseur Jean-Pierre Osenat qui faisait l’inventaire d‘un appartement dans le très chic 6ème arrondissement parisien, est tombé sur un tableau du Christ en Croix de taille moyenne, 1 mètre 5, sur 72 centimètres. C’était en apparence la copie d’une œuvre de Pierre-Paul Rubens. Selon sa description le Christ y est reproduit crucifié, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière le fond rocheux et verdoyant du Golgotha… apparaît une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage.
Par acquit de conscience, il le fait expertiser et la bonne surprise ! Le cabinet spécialisé estime qu’il pourrait s’agir d’un original du maître, car il ressemble fortement à une gravure connue de Lucas Vorsterman, qui fut son élève en 1617. Par ailleurs il existe deux autres versions du Christ en Croix dont l’une de taille assez proche est conservée à la pinacothèque de Munich. On décide alors de poursuivre les investigations. Des analyses de pigments, et des radiographies, sont effectuées à Stuttgart. Puis le dossier est soumis le 19 juin, à l’institution de référence le Centrum Rubenianum, d’Anvers qui élabore depuis 1963 un catalogue de l’œuvre, une tâche gigantesque qui compte déjà 42 volumes. Jean Pierre Osenat patientait dans le jardin, quand le directeur du centre l’a rejoint pour lui dire tout simplement : « On a un nouveau Rubens ». Bingo ! Le tableau sera mis aux enchères en novembre et pourrait atteindre 1,5 million d‘euros…
Pas une découverte exceptionnelle
Mais si cette découverte est rare elle n’est pas exceptionnelle. En 2001, un Massacre des Innocents, jusque-là attribué à un de ses élèves, a été rendu au maître et vendu chez Sotheby’s à Londres 77 millions. Même chose en 2017, pour une grande étude de cheval, valeur 4,7 millions. En 2022, un Portrait de femme retrouvé, dans une collection privée polonaise, après 140 ans de disparition a été adjugé à Varsovie pour 3,2 millions.
Ça s’explique parce qu’aux XVIe et XVIIe siècles les ateliers des peintres Flamands étaient de véritables fabriques. C’étaient des machines à produire sous l’œil du maître, qui commençait le tableau mais le laissait terminer par ses élèves et ses apprentis. Souvent il existait plusieurs versions d’une même œuvre.
Ainsi à Bruxelles on conserve deux Chute d’Icare de Breughel l’ancien, et aucune des deux n’est probablement l’original. Selon les règles du marché de l’art les « œuvres réalisées sous la supervision du maître lui sont attribuées ». Ainsi il existerait plus de 1400 Rubens… Vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire le week-end prochain : fouiller dans le grenier de vos grands-parents !
