Partager:
C'est une affaire dont on parle beaucoup en France, le déménagement d'une école maternelle à cause d'un point de vente de drogue. Hier, lors d'un referendum local, les parents d'élèves de l'école Emile Zola, à Saint-Ouen près de Paris, ont approuvé le départ des enfants vers d'autres locaux. La polémique est vive, car cette décision apparaît comme un recul du service public devant la délinquance.
Saint-Ouen-sur-Seine est une ville d’un peu plus de 50 000 habitants, au Nord de Paris, derrière Montmartre, au-delà du périphérique. Connue pour son grand marché aux puces, elle est typique de la banlieue parisienne, et mêle des quartiers bourgeois, avec de grands immeubles haussmanniens, à d’autres très populaires, constitués de HLM. Le tout traversé par des routes et des voies ferrées qui permettent d’entrer ou de sortir de la capitale.
La cité Zola Arago, concernée par cette polémique, accueille une population modeste, dans un univers peu à peu déserté par les services publics. L’école maternelle Emile Zola, était l’une des dernières à fonctionner dans cette zone. Mais voilà, récemment, les incidents se sont multipliés au niveau d’une annexe de l’école, à cause de la présence de vendeurs de drogue.
Depuis mai 2024, des petits sachets de stupéfiants ont été retrouvés à trois reprises dans la cour de récréation.
Le referendum, on parle dans ce cas de votation citoyenne, a été organisé par la commune après le jet en janvier d'une bonbonne de protoxyde d'azote dans une fenêtre de l'établissement. Probablement pour intimider la direction.
Le résultat du scrutin a été presque unanime, les parents souhaitent le déménagement des quatre classes et des 60 élèves, soit après les vacances de Pâques, soit à la rentrée prochaine en septembre. Les enfants seraient alors accueillis à quelques centaines de mètres, au sein d'un groupe scolaire.
Le maire de la ville, Karim Bouamrane, une figure du PS français, s’est félicité de ce résultat, estimant que la priorité devait être la sécurité des élèves. Mais cette situation provoque un vif débat dans la classe politique nationale. Hier sur France 2 Elisabeth Borne la ministre de l'Éducation a déclaré que "l'école ne reculera jamais face à la violence".
Évidemment, "le gouvernement est déterminé à rétablir un environnement sûr pour cette école" même si "des classes peuvent déménager provisoirement". Provisoirement, c’est le mot, mais pour que l’école puisse se réinstaller, il faudrait éliminer le point de deal. La balle est donc désormais dans le camp du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
Un discours de fermeté ne suffira pas. D’après la préfecture de police, l’année dernière à Saint-Ouen, 167 individus ont été interpellés et 12 kg de stupéfiants saisis. Pourtant, cela n'a pas mis un terme au trafic de drogue dans ce quartier.
La solution serait peut-être d’assurer une protection policière permanente de l’école, ça demanderait d’importants moyens…ou alors d’éradiquer la pauvreté dans ces banlieues, mais là, c’est plus qu’un défi.


















