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Violences physiques et sexuelles à Bétharram: le Premier ministre François Bayrou a-t-il menti?

En France, le Premier ministre a été longuement auditionné sous serment à l’Assemblée nationale pour s’expliquer sur son rôle dans l’affaire des violences à Notre-Dame de Bétharram. Un établissement scolaire catholique connu pour sa sévérité. En témoignant sous serment François Bayrou a pris le risque d'être accusé de parjure. 

L’audition a duré 5 heures et demie et il n’en pas sorti grand-chose. Du moins, du point de vue des victimes qui en attendaient beaucoup. "À celles et ceux qui espéraient que cette audition permettrait de tourner la page, nous répondons que ce 14 mai n’est pas un aboutissement, c’est une étape", a déclaré Alain Esquerre, leur porte-parole. D’autres ont été plus virulents comme Jean Marie Delbos qui ne mâche pas ses mots : "C’est miséreux, a-t-il dit. C’est du pipeau, tout ce que dit Bayrou. (…) C’est malheureux qu’il mente et qu’il n’y ait pas de contradiction".

François Bayrou a nié

Alors, le Premier ministre a-t-il menti ? Difficile à dire, mais en tout cas il a nié en bloc. Dans une stratégie de défense où il a cherché à déstabiliser la commission, en multipliant les digressions, il a, disons, embrouillé les choses. Mais il est resté ferme sur plusieurs points : il n’a pas reçu d’informations privilégiées sur les violences physiques et sexuelles dans l’établissement. Il n’est pas intervenu au milieu des années nonantes quand il était président du département des Pyrénées Atlantiques. Quant à sa rencontre en 1998 avec le juge Christian Mirande, chargé de l’enquête concernant le père Carricart, ancien directeur accusé de viol, il affirme que tout ce qu’il lui avait révélé, était déjà dans le journal de la veille. 

Bayrou met en doute la santé mentale de la lanceuse d'alerte

La meilleure défense c’est l’attaque, et François Bayrou ne s’en est pas privé. Le gendarme qui affirme qu’il s’est mêlé de l’enquête, soit il affabule, soit il ment. Plus durs encore ses propos à l’encontre de Françoise Gullung ancienne professeure de mathématique, considérée comme la lanceuse d’alerte dans cette affaire. Là aussi, il estime qu’elle ment et il va même jusqu’à mettre en doute sa santé mentale. 

Quand le député insoumis qui mène les débats, lui a rappelé la claque qu’il avait mise devant les caméras à un gamin qui lui faisait les poches en 2002, en lui demandant si cela faisait partie de ses principes d’éducation, il a répondu que c’était un geste de père de famille ! A l’époque, d’ailleurs en pleine campagne présidentielle, ça lui avait valu un regain de popularité. Après plusieurs heures d’audition, il a admis que toute la société, lui compris, avait une responsabilité dans ce qui s'était passé à Bethrarram. En conclusion, il a proposé la création d’une "autorité indépendante" sur les violences contre les enfants, dans "tous les établissements" scolaires mais aussi "les associations sportives", "les associations culturelles", et "les familles". 

Une commission d’enquête n’est pas un tribunal mais elle peut dénoncer des faits à la justice, notamment le parjure. On verra ce qu’il en est quand elle rendra son rapport courant juin.
 

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