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Une des réponses de l’Union européenne à l’accroissement des menaces et des violences contre les responsables politiques et les représentants publics passera par le « bouclier européen de la démocratie », un cadre stratégique qui sera présenté dans les prochaines semaines. C’est ce qu’a indiqué lundi le commissaire européen Michael McGrath, à l’issue d’une réunion des ministres de la Justice à Bruxelles.
La question y a été abordée à la suite du projet d’attentat déjoué la semaine dernière à Anvers, et qui visait des responsables politiques, dont le Premier ministre belge Bart De Wever.
« On a vu trop d’exemples de responsables politiques harcelés, menacés ou même victimes de violence physique. C’est totalement inacceptable. Toute attaque contre un responsable politique ou un candidat est une attaque contre nos valeurs démocratiques », a souligné le commissaire à la Justice.
« Si l’on n’y répond pas, on aboutira à des démocraties moins représentatives, appauvries, car on sait que les femmes sont davantage visées que les hommes par le harcèlement et l’agressivité ; on aura moins de jeunes personnes disposées à s’engager ou à rester en politique, et moins de représentants de groupes minoritaires », a-t-il mis en garde. « Nous devons donc travailler avec tous les États membres pour nous assurer qu’une action forte soit entreprise ».
Attendu au dernier trimestre de cette année, le bouclier européen passera par la création d’un Centre européen pour la résilience démocratique « qui renforcera notre capacité à détecter et analyser les manipulations et les désinformations ». « Les menaces viennent souvent directement d’acteurs étrangers hostiles, qui cherchent à miner la confiance dans nos démocraties ouvertes, libres et pluralistes », selon le commissaire. Le bouclier sera complété par une stratégie de renforcement de la société civile.
Pour la ministre belge de la Justice Annelies Verlinden, « c’est bien d’avoir un échange de vues sur ces sujets vitaux pour notre démocratie et l’État de droit. Nous ne laisserons jamais les menaces terroristes et la violence prendre le dessus ».
Le débat a aussi porté sur l’équilibre à trouver entre la protection des responsables politiques et la préservation d’un débat public ouvert, a confirmé le ministre danois de la Justice, Peter Hummelgaard, qui présidait la réunion. Lui qui a été victime d’agression jusqu’à son domicile confirme avoir constaté ces dernières années un « basculement » dû à la polarisation et aux discours haineux, qui passent des plateformes de réseaux sociaux aux contacts en présentiel.
À ses yeux, « le problème est plus large, car il touche aussi tous les gens qui travaillent dans les services publics, éboueurs, enseignants, gardiennes d’enfants, enseignants, policiers, gardiens de prison, etc. Une partie de la réponse se trouve dans nos codes pénaux, qui doivent être plus clairs à cet égard, mais il y a beaucoup à faire aussi sur la culture de la démocratie, et c’est ce dont on a parlé aujourd’hui ».



















