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La Corée du Nord continue de s'armer considérablement et recevrait de l'aide d'un allié de taille.
De récentes images satellites prises le 6 avril par Maxar Technologies et Planet Labs révèlent la construction d’un gigantesque navire militaire dans le chantier naval de Nampo, à environ 60 km au sud-ouest de Pyongyang. Selon des experts du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), cette frégate pourrait atteindre 140 mètres de long, soit le double de la taille des plus grands navires actuellement dans la flotte de Kim Jong-un.
Il s’agirait d’une frégate à missiles guidés (FFG), équipée de systèmes de lancement vertical permettant de tirer des missiles aussi bien contre des cibles terrestres que maritimes. "La frégate FFG est probablement le navire de guerre le plus grand jamais fabriqué en Corée du Nord", précisent Joseph Bermudez Jr. et Jennifer Jun dans leur analyse.
Un projet soutenu par la Russie ?
Malgré les sanctions de l’ONU limitant sévèrement l’accès du pays aux matériaux de haute technologie, des analystes pensent que le rapprochement récent entre Pyongyang et Moscou pourrait changer la donne. Kim Duk-ki, un ancien amiral sud-coréen, estime que la Russie pourrait aider à développer les systèmes de missiles du navire.
Des images diffusées par la télévision d’État nord-coréenne fin 2024 montrent Kim Jong-un inspectant le navire. Ces images laissent penser que le bâtiment pourrait être équipé de radars à réseau phasé, capables de détecter des menaces de manière bien plus efficace que les systèmes actuels du pays.
Un défi technologique de taille
Construire une coque et un système de propulsion est à la portée de nombreux chantiers navals, mais intégrer des systèmes avancés de communication, de détection et d’armement est une autre affaire, avertit Carl Schuster, ancien capitaine de la marine américaine. "Les vrais défis résident dans l’intégration des technologies électroniques et des capteurs acoustiques", explique-t-il.
Des doutes subsistent également sur la capacité de la Corée du Nord à entretenir un tel navire. Kim Byung-kee, député sud-coréen membre de la commission du renseignement, souligne que "faire fonctionner un navire de guerre de cette taille nécessite un budget colossal, une équipe spécialisée et de vastes infrastructures de soutien".
Si le navire est effectivement armé de missiles hypersoniques, comme l’a annoncé Pyongyang en janvier, cela pourrait bouleverser l’équilibre des forces dans la région. "Ce serait un changement stratégique majeur en Asie de l’Est", avertit l’amiral Kim Duk-ki. Néanmoins, le navire ne devrait pas être opérationnel avant au moins un an, selon Schuster, en raison du retard dans l’installation des systèmes de combat et des capteurs.
La marine nord-coréenne compte environ 400 patrouilleurs et 70 sous-marins, mais la majorité de ses navires sont vieux et de petite taille. Le pays ne dispose actuellement que de deux frégates principales, datant des années 1970.
Dans un conflit, elle serait surtout cantonnée à la défense côtière, loin de rivaliser avec les flottes sud-coréenne et américaine. Malgré cela, Kim Jong-un poursuit ses efforts pour moderniser ses forces navales.
















