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Le 5 novembre prochain, les États-Unis se préparent à un moment décisif de leur histoire moderne, avec l'élection de leur 47e président. Cette échéance, scrutée par le monde entier, promet d'être un tournant majeur, portée par une campagne électorale qui s'annonce déjà exceptionnellement polarisée. Justine Pons, plonge au cœur de cette élection, épaulée par des experts, pour vous offrir les clés de compréhension d'un scrutin au poids considérable.
Gerald Loftus est un ancien diplomate américain, originaire de Pennsylvanie. Pour cet épisode de "Les clés de la Maison Blanche", il va aborder avec Justine Pons, qui est Joe Biden, le candidat démocrate qui a été choisi.
L'actuel président des Etats-Unis possède une très longue carrière politique et de longues années d'expérience derrière lui : il a été élu sénateur à 30 ans et est resté pendant huit ans vice-président de Barack Obama. Et puis président ces quatre dernières années. Il est véritablement une personnalité politique depuis les années 70.
Plutôt centriste dans ce Parti démocrate, il se démarque d'une personnalité comme Bernie Sanders, qui est plutôt l'aile gauche du parti. "Ça se voyait surtout dans la campagne des primaires en 2020. À l'aile gauche, il y avait Bernie Sanders qui était sur une politique vraiment pro-syndicat, politique internationale marquée à gauche. Joe Biden était le vice-président sortant, vu comme un Centriste. Mais en fait, avec sa victoire dans les primaires, il devait aller un peu vers la gauche. Et moi, je le décrirais comme un progressiste de centre-gauche. Quelqu'un qui a des liens très, très forts avec les syndicats, qui a vu les syndicats comme un moteur de croissance dans l'histoire américaine post-Deuxième Guerre mondiale. Donc, quelqu'un du centre-gauche", indique Gérald Loftus.
Tout au long de sa carrière, Joe Biden a été amené à avoir des idées plus progressistes, comme sur le mariage homosexuel par exemple. "Au départ, il était opposé au mariage homosexuel. Il a changé d'avis, il a évolué avec son temps". Mais d'autres moments-clés de sa carrière sont à noter.
Ses combats
Joe Biden est également à l'origine de la loi "Violent Crime Control and Law Enforcement Act" en 1994, qui porte également son nom. "C'était pendant l'administration Clinton. C'était surtout pour faire face à ce qui était vu comme une vague de violence dans le milieu urbain. Biden a gardé un peu son ancrage dans tout ce qui est Law and Order", poursuit l'expert. Sur le thème des violences, Joe Biden s'est également emparé de la question des violences conjugales pendant l'administration Obama.
Un sujet qui a par la suite été au centre de l'actualité sous Trump. En effet, l'ancien président et actuel candidat républicain a nommé trois juges à la Cour Suprême. Ces nominations ont conduit à l'abrogation de la loi qui donnait le droit à l'avortement.
Un parcours difficile
Pourtant, la première candidature de Joe Biden aux primaires démocrates remonte à 1987. "Là, il était un jeune sénateur de l'âge de 30 ans. Sa motivation remonte de là, c'était son objectif de rentrer à la Maison Blanche. Alors là, on parle de sa carrière professionnelle. Mais il y a aussi une vie privée qui se cache derrière ce président". Une vie privée assez chahutée, avec plusieurs drames, plusieurs épreuves qu'il a dû affronter. Des ruptures d'anévrisme, le cancer du cerveau de son fils, qui est décédé en 2015. Et puis, la mort de sa femme et de sa fille. Et là, ça remonte aux années 70, en 1972.
Au début de son mandat, il était nouvellement élu comme sénateur. "Évidemment, la perte de sa femme et ses enfants dans un accident tragique. C'est une référence depuis toute sa vie, depuis cette horrible tragédie et qui lui a donné cette réputation d'être un homme empathique, qui comprend les difficultés des familles, la souffrance des autres. Il est connu pour ça. Et puis quand on le voit en action, c'est vrai, vous le sentez".
Mais plus récemment, c'est la santé de Joe Biden qui semble lui poser des difficultés. En plus de son bégaiement depuis l'enfance, l'actuel président semble souffrir de pertes de mémoire et de quelques dérapages, notamment lorsqu'il a insinué que les Afro-américains et Hispaniques sont des travailleurs sans diplôme d'études secondaires. Mais est-ce que cela entache sa réputation ? "Moi, je ne pense pas, franchement, parce que depuis longtemps, depuis des décennies, Joe Biden était un peu connu pour ses sorties, disons, mal préparées ou des bourdes. Je crois qu'on s'y attendait d'avoir beaucoup plus de sa part. Mais depuis qu'il est vice-président et puis président, c'est beaucoup plus sous contrôle. Est-ce que le fait que son adversaire Trump fait des sorties encore plus... Ne l'épargne pas, effectivement", indique Gérald Loftus. Pour l'expert, on voit un Joe Biden plus sûr de lui : "Le dernier discours, le grand discours devant le Congrès de l'Union, là, c'était un Joe Biden beaucoup plus combatif et beaucoup plus sous contrôle. Et c'était vraiment intéressant de voir des fois où il prenait plaisir, presque, de piéger les Républicains".
Alors, est-ce que Joe Biden peut faire le poids face à Donald Trump ? "Je pense, oui, et je pense qu'il faut imaginer que vous avez deux personnes : une personne qui est foncièrement une bonne personne, Joe Biden, contre quelqu'un qui est connu pour ses mensonges sans cesse. Donc, je peux dire que si les électeurs font la distinction entre qui est-ce qu'on veut à la Maison Blanche, sans même parler des politiques que les deux hommes représentent, qui sont à l'opposé, vraiment à l'opposé. Je pense que Biden, oui, il peut faire le job", conclut Gérald Loftus.
