Partager:
Alors que la menace d’un conflit en Europe de l’Ouest inquiète, l’armée de terre française a réuni plusieurs centaines de personnes à Paris pour un exercice stratégique d’ampleur : un "war game". Ce jeu de guerre, basé sur un scénario fictif en 2035, visait à tester les réactions face à une attaque russe sur les pays baltes.
Le 11 février dernier, l’amphithéâtre de l’École militaire, à quelques pas de la tour Eiffel, a accueilli près de 500 participants – étudiants, militaires et experts en défense – pour une simulation grandeur nature.
Ce type de jeu de guerre, appelé Kriegspiel dans le monde germanique où il est né au XIXe siècle, repose sur des mises en situation réalistes où des spécialistes incarnent des chefs militaires ou politiques.
Le scénario du jour ? En 2035, la Russie masse ses troupes aux frontières de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie. La Chine semble prête à attaquer Taïwan. L’Union européenne vacille : la Hongrie la quitte, la Pologne mobilise son armée et la Russie propose un accord inédit à l’Allemagne en échange de la neutralité de Berlin.
Des décisions stratégiques mises à l’épreuve
Au fil de la simulation, les participants doivent prendre des décisions concrètes face à des crises géopolitiques complexes.
Comment réagir face à l’offensive russe ? Faut-il renforcer l’armée, au risque de déstabiliser l’économie ? L’un des joueurs propose de couper les aides sociales pour financer la production d’armement, une mesure jugée excessive par les organisateurs, qui rappellent l’importance de préserver la stabilité intérieure.
Selon le commandant Bourguilleau, du bureau Wargaming de l’armée française, interrogé par Libération, ce type d’exercice permet "de modéliser des situations de crise à partir de données précises et de règles préétablies". Loin d’être un simple jeu, ces simulations servent à identifier des points de blocage et à affiner la prise de décision en cas de crise réelle.
Un outil d’anticipation
Si ces war games ne sont pas nouveaux, leur usage s’est intensifié ces dernières années dans de nombreux états-majors occidentaux. L’objectif est clair : se préparer à d’éventuels conflits pour mieux les éviter.
"Un wargame est par essence une modélisation fausse mais utile", explique l’un des organisateurs. En mettant en lumière les dilemmes stratégiques et leurs conséquences, ces exercices aident les décideurs à anticiper les réactions adverses et à tester différentes stratégies.
Comme le disaient déjà les Romains il y a deux mille ans : Si vis pacem, para bellum – "Si tu veux la paix, prépare la guerre". Une maxime qui, à l’ère des tensions internationales, semble plus actuelle que jamais.


















