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Rassurer les Américains sur la solidité du secteur a été le maître-mot pour la fédération des banques comme pour l'administration Biden, mardi à Washington à l'occasion de la grand-messe annuelle des banques américaines.
Le secteur bancaire américain "reste solide, résilient, bien capitalisé, dispose de liquidités", a assuré Rob Nichols, le patron de l'Association des banques américaines (ABA), qui représente les intérêts de banques américaines de toutes tailles.
Les Américains "peuvent avoir confiance dans le système bancaire américain", a-t-il encore souligné, devant une salle remplie de dirigeants de banques.
La faillite de Silicon Valley Bank (SVB) et celle de Signature Bank, il y a à peine deux semaines, ont fait monter une vague d'inquiétudes dans le secteur bancaire mondial. Le dernier épisode a été le rachat, dimanche, en urgence, de la banque helvétique Credit Suisse, par sa compatriote UBS.
Les marchés mondiaux semblaient cependant rassurés mardi, les Bourses rebondissant tant en Europe qu'aux Etats-Unis. Les différents gouvernements et autorités monétaires ont en effet apporté des réponses fortes pour rassurer sur la solidité financière, et ainsi éviter à tout prix un risque de contagion.
Le système bancaire américain est constitué des grandes banques dont les noms sont connus à l'échelle internationale et qui dominent Wall Street, mais aussi d'un tissu de plus petites banques, régionales ou locales.
Et selon Rob Nichols,leur situation est très différente de celle de SVB et Signature Bank: "ces banques et leur modèle économique ne sont pas représentatifs des milliers d'autres banques de ce pays".
"Il y a eu une combinaison particulière et inhabituelle de facteurs dans ces deux chutes, liée à leurs portefeuilles" constitué d'un nombre réduit de clients mais avec des dépôts importants, dans un "environnement de hausse des taux" par la banque centrale (Fed) pour juguler l'inflation, a-t-il continué.
Le colloque annuel de l'ABA, organisé depuis dimanche à Washington, non loin de la Maison Blanche et du Capitole, coïncide avec cette crise bancaire mondiale, mais était prévu de longue date.
"Jusqu'à la semaine dernière, j'avais prévu un tout autre discours. (...) J'ai une longue liste de priorités et de sujets que je voulais aborder avec les responsables politiques, sur notre programme pour les banques américaines", a raconté Rob Nichols.
- Retraits d'argent stabilisés -
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a elle aussi estimé mardi que "la situation se stabilise" et que "le système bancaire américain reste solide".
Le dispositif mis en place par la Fed pour prêter de l'argent aux banques depuis une semaine, afin de leur éviter la débâcle, ainsi que ceux déjà existants, "fonctionnent comme prévu pour fournir des liquidités au système bancaire" et "les retraits d'argent des banques régionales se sont stabilisés", a relevé la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden, qui s'exprimait lors de ce colloque.
Les autorités américaines ont pris une série de mesures pour tranquilliser particuliers et entreprises à l'égard de la solidité du système bancaire américain, promettant notamment que les clients de SVB et Signature Bank pourront retirer la totalité de leurs dépôts.
La confiance restant la principale arme pour éviter une vaste crise mondiale, Janet Yellen a assuré que l'administration Biden se tenait prête à agir de nouveau si nécessaire: "des actions similaires pourraient être justifiées si les petites institutions subissent des ruées sur les retraits qui présentent un risque de contagion", a indiqué la ministre.
Des vagues de retraits massifs ont provoqué la liquidation de l'établissement Silvergate Bank, petite banque régionale devenue la destination favorite du milieu des cryptomonnaies, puis de SVB. Et Signature Bank, 21e banque du pays, a été fermée d'office.
La banque First Republic, sur la sellette, se redressait mardi à Wall Street.
La Fed a prêté près de 12 milliards de dollars aux banques américaines en quelques jours, afin de leur permettre d'honorer les demandes de retraits de leurs clients, ainsi que 152 milliards de dollars via son programme habituel de prêts à très court terme, contre à peine 5 milliards la semaine précédente. Et 142,8 milliards de dollars ont été prêtés aux deux entités créées par les régulateurs américains pour succéder à SVB et Signature Bank.