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L’Europe se prépare à une potentielle attaque russe « dans les prochaines années » : voici les 9 éléments qui doivent encore être renforcés

Par RTL info avec AFP
L’Europe veut muscler sa défense face à la menace russe. Bruxelles fixe un cap : être prête à se défendre d’ici 2030. Drones, cybersécurité, boucliers aériens… La Commission européenne presse les États membres d’accélérer la construction d’une défense commune.

La Commission européenne a présenté jeudi sa feuille de route pour rendre l’Union européenne prête à se défendre en 2030. Elle invite les Etats membres à travailler conjointement pour combler les lacunes dans neuf domaines clés, dont les drones et les systèmes anti-drones. Il faut faire vite, prévient l’exécutif européen.

« La Russie n’a pas les capacités de lancer une attaque contre l’Union européenne aujourd’hui. Néanmoins, elle pourrait s’y préparer dans les prochaines années », a résumé lors d’une conférence de presse Kaja Kallas, la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Les Etats membres de l’UE se sont engagés à renforcer leurs capacités de défense à l’horizon 2030, de façon à dissuader ses adversaires et à répondre à toute agression éventuelle. La feuille de route de la Commission détaille la marche à suivre pour y arriver. Les chefs d’Etat et de gouvernement européens en débattront jeudi prochain lors d’un sommet européen à Bruxelles.

Le document liste neuf domaines prioritaires, pour lesquels les Etats membres sont invités à former des « coalitions de capacités ». Les domaines choisis vont de la défense aérienne et antimissile aux munitions en passant par les drones ou encore le domaine cyber et de l’intelligence artificielle. Un ou deux Etats membres par coalition joueront le rôle de meneurs pour chaque domaine. Ils pourront s’appuyer sur l’instrument financier SAFE.

Des rencontres ont déjà eu lieu cette semaine. Les Pays-Bas et la Lettonie ont par exemple pris les devants dans le domaine des drones, a affirmé la vice-présidente de la Commission Henna Virkkunen, en charge de la Sécurité.

Le calendrier est serré : la Commission prévoit que les coalitions soient mises sur pied au premier trimestre 2026. D’ici fin 2028, les projets, les contrats et les financements devront être engagés.

La Commission propose en outre un objectif de 35 % d’achats conjoints pour combler les lacunes, comme les Etats membres s’y étaient déjà engagés en 2007. Plus de la moitié des achats devraient également être passés auprès d’entreprises européennes.

Les systèmes anti-drônes deviennent incontournables

A côté de ces neuf domaines prioritaires, la Commission lance également quatre projets clés, jugés plus complexes et nécessitant un rôle accru de l’UE et de l’exécutif. Il s’agit notamment du fameux mur anti-drones proposé il y a deux semaines, reformulé en « initiative européenne de défense contre les drones » (EDDI pour European Drone Defense Initiative). Couplé à la surveillance du flanc est de l’Europe, ce projet vise à doter l’Union d’une capacité européenne flexible, réactive et de pointe pour contrer les drones, face à des violations répétées de l’espace aérien de plusieurs pays européens.

La haute représentante Kallas a souligné que les systèmes de défense anti-drones ne peuvent « plus être optionnels pour quiconque ».

La Commission table sur l’aval des Etats membres sur ce projet d’ici la fin de l’année, pour qu’il puisse être totalement opérationnel fin 2027.

Deux autres projets clés sont cités. Le premier est un bouclier aérien, afin de parvenir à une protection intégrée et à plusieurs niveaux contre les menaces aériennes et les missiles. Le second est un bouclier spatial, destiné à assurer la protection des infrastructures et services spatiaux.

La Commission propose de présenter chaque année à l’occasion du sommet européen d’octobre un rapport sur l’état de préparation de la défense dans chaque domaine prioritaire et sur le nombre de projets lancés. Le rapport sera alimenté par les informations fournies par les Etats membres et l’Agence européenne de la Défense.

L’exécutif a souligné que la défense restait une matière nationale et que les Etats membres resteraient souverains en la matière. Mais la complexité des menaces et le degré d’urgence ont fait de cette responsabilité une question d’intérêt commun européen, selon un fonctionnaire de la Commission.

L’institution a également insisté sur le fait que la préparation européenne visait principalement le développement de capacités. Les structures opérationnelles resteront la prérogative de l’Otan, selon la même source. Les projets phares, notamment, doivent être pleinement alignés sur les activités de l’Alliance transatlantique.

L’amélioration des capacités de défense européenne est devenue un sujet brûlant ces dernières années, l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie ayant rappelé aux Européens qu’ils n’étaient pas à l’abri de conflits. L’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, avec ses pressions répétées sur l’Europe pour qu’elle assume davantage sa propre défense, a renforcé le sentiment d’urgence.

Ces préoccupations se traduisent dans les chiffres. Les budgets militaires des Etats membres sont ainsi passés de 218 milliards en 2021 à 343 milliards en 2024, selon la Commission. Ils pourraient atteindre 392 milliards en 2025, selon les projections.

Avant la feuille de route sur l’état de préparation de la défense, la Commission a déjà présenté plusieurs initiatives ces derniers mois, comme le programme européen pour l’industrie de la défense (EDIP) ; ou le programme ReArm Europe, qui mobilisera jusqu’à 800 milliards d’euros pour la défense, notamment grâce à de nouveaux instruments de financement tels que SAFE pour les acquisitions conjointes.

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