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"Personne ne veut tirer sur des enfants": en Haïti, près de la moitié des membres de gangs sont mineurs

En Haïti, près de la moitié des membres des gangs armés sont désormais des enfants, un chiffre alarmant qui illustre la détresse extrême d’une population confrontée à une violence endémique. Ce phénomène exacerbe les tensions, alors qu’un massacre sanglant vient de secouer un bidonville de Port-au-Prince.

Selon l’UNICEF, le recrutement d’enfants par les gangs en Haïti a explosé, augmentant de 70 % au cours de la dernière année.

Catherine Russell, directrice de l’agence, estime qu’aujourd’hui, "près de la moitié des membres des groupes armés sont des enfants".

Pour ces jeunes, rejoindre un gang devient souvent une question de survie. "Les enfants sont tellement désespérés qu'ils n'ont pas d'autres moyens de subvenir à leurs besoins ou, plus important encore, de se protéger", ajoute la directrice.

Cette situation met les forces de sécurité face à un dilemme moral majeur. Bob Rae, ambassadeur du Canada auprès des Nations unies, résume cette difficulté : "Personne ne veut tirer sur des enfants."

L’engrenage de la violence à Port-au-Prince

La crise des enfants recrutés par les gangs s’inscrit dans un contexte d’extrême violence en Haïti.

Ce week-end, une attaque sanglante a fait plus de cent morts dans le bidonville de Wharf Jeremie, dans la capitale.

Ce massacre, attribué à un chef de gang local, Monel Felix, alias Micanord, a visé principalement des personnes âgées, et des pratiquants de vaudou. Le chef de gang accuse ces derniers d’avoir jeté un sort à son fils, décédé récemment.

Les victimes, pour la plupart mutilées, ont été brûlées dans les rues.

Une jeunesse sans avenir face aux gangs

Haïti, déjà classé comme le pays le plus pauvre d’Amérique centrale, est submergé par une insécurité galopante. Les gangs armés contrôlent de vastes portions de Port-au-Prince et d’autres régions, laissant peu d’options aux populations locales.

Pour les enfants, la réalité est particulièrement sombre. Sans accès à l’éducation ni à un environnement sûr, ils sont facilement enrôlés par ces groupes criminels. Ces gangs exploitent leur vulnérabilité pour les transformer en combattants, messagers ou espions.

"Nous devons aborder cette question avec urgence", insiste Catherine Russell, qui appelle à une intervention internationale pour protéger ces jeunes et leur offrir des alternatives viables.

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