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Les frappes israéliennes menées dans la nuit de dimanche à lundi sur la bande de Gaza ont coûté la vie à six journalistes, dont cinq collaborateurs de la chaîne Al Jazeera. Parmi eux, Anas al-Sharif, 28 ans, une figure médiatique marquante du conflit régional, s’abritait sous une tente devant l’hôpital al-Chifa à Gaza City. Ce sanctuaire temporaire a été réduit en cendres lors de cette attaque aérienne, laissant derrière lui un vide dans la couverture journalistique de la région.


Al Jazeera et Reporters sans frontières évoquent des « assassinats »
Dans un communiqué clair et ferme, Al Jazeera a qualifié cet événement d’« attaque ciblée israélienne » visant délibérément ses journalistes. Réaffirmant leur engagement envers la liberté de la presse, la chaîne, basée au Qatar, a dénoncé ce qu’elle considère être des assassinats tout en déclarant qu’« assassiner des journalistes n’empêchera pas la diffusion des faits et des messages ».
Israël accuse le journaliste phare d’être membre du Hamas
L’armée israélienne a rapidement assumé la responsabilité de cette frappe, appuyant ses accusations envers Anas al-Sharif. Selon les responsables militaires, le journaliste serait affilié au Hamas depuis 2013 et aurait rejoint une division spécifique de l’organisation. « On sait que vous êtes membre du Hamas », ont affirmé les autorités israéliennes, qui mettent en avant un document censé étayer leurs accusations. Cette position suscite toutefois un large scepticisme à l’international.
Ces allégations ont été vigoureusement rejetées par Al Jazeera, qui conteste toute implication de son journaliste dans des activités militantes. Diverses organisations internationales, dont les Nations Unies et Reporters sans frontières, ont vivement dénoncé cette frappe, estimant qu’elle représente un acte ciblé contre la liberté d’informer. Ces institutions mettent également en lumière les risques croissants encourus par les professionnels des médias dans des zones de guerre comme Gaza.
Un contexte déjà précaire entoure les journalistes travaillant dans cette région. Anas al-Sharif, conscient des dangers inhérents à son métier, avait laissé il y a quatre mois un message poignant à l’attention de ses proches. Dans ce message posthume publié après sa mort, il déclarait : « Si ces mots vous parviennent, c’est qu’Israël a réussi à me tuer et me faire taire. N’oubliez pas Gaza. » Ces mots témoignent de la dure réalité sur le terrain pour les reporters locaux.
200 journalistes tués depuis le début de l’offensive israélienne
D’après Reporters sans frontières, cette attaque porte à près de 200 le nombre de journalistes tués dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. Ce chiffre alarmant met en exergue la nécessité urgente de protéger ceux dont la mission première est d’informer le monde, même dans des environnements hostiles. L’organisation appelle à des mesures internationales concrètes pour prévenir de telles tragédies.
Al Jazeera, fondée et financée par le Qatar, est une figure majeure du panorama médiatique international, mais également controversée. Longtemps accusée par certains pays, dont Israël, de servir de relais au Hamas et aux Frères musulmans, la chaîne reste un acteur incontournable pour documenter les réalités du terrain.

















