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Trump veut vider Gaza pour en faire une "Côte d’Azur du Moyen-Orient": vraie proposition ou coup de bluff?

Le président américain Donald Trump a une nouvelle fois frappé fort avec une déclaration choc. Il propose tout simplement de vider Gaza de ses habitants et de transformer le territoire en une destination luxueuse, rompant ainsi avec des décennies de politique américaine et ignorant totalement le droit international.

On se pince pour y croire. Le président de la plus grande puissance mondiale, l'un des berceaux de la démocratie et de l'état de droit, envisage sans vergogne de déplacer près de 2 millions d'êtres humains, de finir de détruire leur territoire en déblayant les décombres et au final de remplacer l'enclave palestinienne par une sorte de riviera destinée par essence aux milliardaires. 

Dans ses propos à l'emporte-pièce, il n'exclut pas à terme le retour de tout ou partie des habitants. Mais il ne le prévoit pas non plus. À part dans l'extrême droite israélienne qui a applaudi des deux mains, cette proposition a déclenché une réprobation générale et même, comme l'écrit le quotidien Libération ce matin, "une vague d'effroi mondial".

D'abord, il ne tient pas compte de la position historique des Etats-Unis qui depuis les accords d'Oslo en 1993 prônaient une solution à deux états, Israël d'un côté, Palestine de l'autre. Ce projet paraît de moins en moins réalisable. Mais les Européens, eux, veulent toujours y croire. Trump n'y fait même pas allusion. 

Le président américain viole l'article 7 du statut de Rome qui fonde la Cour pénale internationale et interdit la déportation ou le transfert forcé de population. Il n'en a cure. Les Etats-Unis et Israël, bien que signataires, n'ont pas ratifié ce traité. Il ne tient pas compte non plus de l'article 2, alinéa 1, de la charte des Nations Unies, qui stipule l'égalité souveraine des Etats entre eux. Un pays ne peut donc pas prendre possession d'un autre. C'est sur base de cet article que les Etats-Unis avaient pu déclencher la première guerre du Golfe pour défendre le Koweït contre l'Irak. Trump l'a oublié. 

Alors, je ne vais pas tomber dans les comparaisons historiques faciles de Gengis Khan à Hitler, car Donald Trump ne mettra pas son projet à exécution. Mais cette provocation révèle sa manière de fonctionner. Il agit toujours comme un homme d'affaires ultra-libéral naviguant dans un marché sans règles. Il fait des propositions excessives pour conduire à une négociation. Le résultat ne sera pas celui annoncé, mais ça obligera l'autre à accepter des concessions. Tous les coups sont permis. 

On se croirait dans le film Wall Street d'Oliver Stone avec Michael Douglas. D'ailleurs, la porte-parole de la Maison Blanche a déjà nuancé ses propos: "Le président ne s'est pas engagé à déployer des soldats sur le terrain à Gaza". Il a dit aussi que "les Etats-Unis ne financeraient pas la reconstruction de Gaza". Tiens, on avait tous compris le contraire. Bref, ce n'est pas de la diplomatie, mais du poker menteur. 
 

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