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Le Maroc est secoué depuis près d’une semaine par un vaste mouvement de contestation. Généré principalement par de jeunes militants, le soulèvement dénonce les défaillances dans les domaines essentiels du système éducatif et de la santé. La situation a connu une escalade ces derniers jours, marquée par l’arrestation de plus de 400 personnes et la mort de trois manifestants.
Ces manifestations, qui prennent de l’ampleur dans les grandes et petites villes du pays, sont orchestrées par ‘Gen Z 212’, un collectif qui tire son nom de la génération Z et de l’indicatif téléphonique du Maroc. Ce groupe s’est organisé via la plateforme Discord, prônant le changement dans un Maroc où les inégalités sociales seraient de plus en plus criantes. « C’est une génération connectée et très moderne. Ils réclament une réforme du système éducatif et des services de santé publique », explique Hassan Bousetta, professeur en sciences politiques et sociales à l’université de Liège (ULg).
L’élément déclencheur : des décès à répétition de femmes enceintes
Si ce mouvement a pris racine dans un mécontentement généralisé, un événement a particulièrement alimenté cette colère : le décès à répétition de femmes enceintes nécessitant une césarienne dans des hôpitaux publics. « Ça a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux, avec une incompréhension, une colère… Et cette question : est-ce qu’on entre à l’hôpital public pour y mourir ? », éclaire Leïla Mouhib, professeure en relations internationales à l’université libre de Bruxelles (ULB). Ces drames ont mis en lumière des défaillances majeures dans le système de santé marocain, renforçant le sentiment d’abandon chez une partie de la population.
Le Maroc augmente son PIB, mais la richesse est mal redistribuée
À cela s’ajoute une critique croissante des priorités économiques du pays. Sur les pancartes des protestataires, des slogans fustigent les dépenses massives engagées par le Maroc pour la préparation de la Coupe d’Afrique des nations 2023 et pour l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030. De nombreux manifestants y voient un décalage entre ces investissements et les urgences sociales. « C’est le grand paradoxe marocain. Sur les 25 dernières années, le Maroc a triplé son produit intérieur brut », poursuit Hassan Bousetta, professeur en sciences politiques et sociales à l’université de Liège (ULg). Malgré cette hausse de la richesse nationale, beaucoup dénoncent une redistribution insuffisante qui laisserait de côté les catégories les plus vulnérables.
400 personnes interpellées et 3 tuées
Face à cette vague de mécontentement, les autorités marocaines se disent à l’écoute des revendications des jeunes, mais la répression reste intense. Les actions des forces de l’ordre, parfois critiques, n’ont fait qu’attiser la colère populaire. Au moins 400 personnes ont été interpellées, près de 300 blessées et parmi les manifestants, 3 personnes ont été tuées. Une situation qui reflète les tensions profondes entre la jeunesse marocaine et ses dirigeants, dans un pays qui oscille entre modernisation rapide et défis sociaux majeurs.


















