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"Ce n'est pas un élève normal", dit de lui son professeur de piano. Alors qu'il n'a suivi qu'un an de cours, Roméo passera dès septembre en dernière année d'un cursus habituellement long de dix ans. Des progrès fulgurants qui suscitent l'étonnement de ses proches, et notamment de sa mère, aux premières loges. "Nous, ses parents, son professeur de piano et toutes les personnes qui le voient jouer n’ont jamais vu ça en si peu de temps... d’où son surnom à Dinant : 'Little Mozart'", écrit Caroline via le bouton orange Alertez-nous.
J'étais à fond dans le football, j'avais des ambitions dans le foot, mais j'ai vu que ça n'allait pas
Sa première passion : le foot
Avec des parents chanteurs et musiciens, Roméo a bénéficié d'un cadre favorable pour l'apprentissage de la musique. "J'aimais bien les écouter chanter. Je chantais aussi de temps en temps", se souvient-il. Mais jusqu'à l'âge de 14,15 ans, Roméo ne s'est pas intéressé de près à ce domaine. Car l'objet de sa passion était tout autre : "J'étais à fond dans le football. J'avais des ambitions dans le foot, confie-t-il. J'ai vu que ça n'allait pas. Donc j'ai décidé d'arrêter".
Roméo nous a expliqué comment il a changé son fusil d'épaule. En 2018, il a acheté "un jouet, un genre de petit synthétiseur" qui n'avait pas spécialement retenu son attention au début. Puis il a fini par s'en servir. "Je me suis dit 'mais en fait c'est super bien'". Ensuite, Roméo s'est mis à jouer en tapotant, dès qu'il le pouvait, sur une application de musique de son smartphone : "Au final, ça énervait mes parents que je joue sur un téléphone", se souvient-il.
J'ai appris Bohemian Rhapsody en quelques heures
Autodidacte, il apprend tout Queen, puis passe à la musique classique
Un jour, alors qu'il rentrait de l'école, une surprise l'attendait à la maison : un piano droit, offert par ses parents. "J'étais vraiment heureux", confie-t-il. Pour lui qui n'avait jamais joué d'un instrument de musique, ce piano fut une révélation : "J'ai eu un déclic. On est une famille d'artistes. Mais il m'a fallu du temps pour voir que j'en étais un. Là j'ai commencé à jouer vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup... énormément !", raconte-t-il. Pour apprendre, Roméo s'est appuyé de nombreux tutoriels en vidéo sur YouTube. Et il s'est attaché à reproduire toutes les musiques de Queen, dont il était fan. "J'ai appris Bohemian Rhapsody en quelques heures, précise-t-il. Mes parents étaient un peu étonnés".
Roméo ne connaissait pas du tout la musique classique jusqu'à ce que sa mère lui fasse écouter les valses de Chopin. "C'était plus compliqué et plus prestigieux, du coup j'ai voulu les jouer", explique le jeune homme. "J'ai accroché tout de suite", poursuit-il. À l'aide de tutoriels, en observant les doigts des joueurs sur YouTube, Roméo a enrichi son répertoire : Mozart, Beethoven, Liszt et Debussy... "Ça en a surpris quelques uns", s'amuse-t-il.
Une rencontre providentielle dans un magasin de pianos
Le premier piano de Roméo est vite devenu insuffisant au regard de ses progrès : "Les touches étaient un peu lourdes pour jouer des musiques plus compliquées", explique-t-il. Lorsqu'il s'est rendu dans un magasin de piano pour en essayer de nouveaux, le vendeur a été surpris par le niveau qu'il avait acquis en un an. Puis, "comme par hasard", s'étonne encore Roméo, le directeur du conservatoire Adolf Sax de Dinant est entré dans la boutique...
Je crois que j'ai eu la chance de ma vie
Stéphane Vandesande se souvient bien de cette rencontre, la seule qu'il a eue avec Roméo : "Excellent pianiste, vraiment très très bien". Et de poursuivre : "C'est là que j'ai commencé à discuter avec le papa qui m'a dit, mais je n'ai aucun moyen de le vérifier, que Roméo s'était mis au piano un an auparavant en autodidacte, qu'il ne savait pas du tout lire la musique".
Quoiqu'il en soit, face à ce jeune pianiste brillant, le directeur du conservatoire a décidé de lui donner sa carte de visite. "Je crois que j'ai eu la chance de ma vie", estime Roméo.
L'apprentissage au conservatoire, "un nouveau monde" pour Roméo
Roméo a donc rejoint le conservatoire en septembre 2020. Désormais, il a cours de piano le mardi et cours de solfège le mercredi. Compte tenu de la technique qu'il a acquise par lui-même, Roméo a pu sauter des classes. Lui qui ne connaissait pas du tout le solfège a dû s'adapter : "Au début, c'était un nouveau monde parce que c'était une façon d'apprendre toute nouvelle. Mais je me suis entraîné dur et j'ai vite appris à lire une partition".
Le directeur tient à relativiser en soulignant que le conservatoire Adolphe Sax dispense un enseignement d'académie, et non supérieur. Néanmoins, d'après ses discussions avec le professeur de Roméo, le jeune homme est effectivement "un élève exceptionnel" qui progresse "à bonds de géant".
"Il est quand même un phénomène !", nous confirme Jacques Dogimont, son professeur. "Il joue une sonate de Beethoven presqu'en entier. On peut jouer ça au Conservatoire royal. C'est déjà du haut niveau", explique-t-il.
Il se dirige vers une carrière de soliste
Désormais, Roméo a des idées assez claires sur son avenir professionnel : "Vous allez vous dire que c'est ambitieux mais c'est tellement une belle chose pour moi la musique, le piano, que j'ai décidé d'en faire mon métier", confie-t-il. En jouant jusqu'à trois, quatre heures par jour, Roméo se donne les moyens de ses ambitions.
Son prochain défi ? Le concours de piano Steinway, qui réunit les jeunes talents belges les plus prometteurs. "Je vais essayer de faire de mon mieux, d'aller en finale et peut-être le gagner si je travaille bien", projette-t-il.
Son professeur est optimiste sur le futur de son élève dans la musique : "Pianistiquement, il a les capacités. Franchement, il m'a vraiment bien étonné. Il est d'une gentillesse... Il est assidu, il travaille... C'est quelqu'un qui part sur un bon chemin".
Dans un an ou deux, Roméo envisage de se présenter aux concours de très prestigieux et sélectifs conservatoires de Paris et de Londres. En ligne de mire, une carrière de "soliste professionnel, espère-t-il. International, si je peux".