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A quelques jours de Noël, les magasins spécialisés dans les jeux d'échecs sont en rupture de stock, les fabricants eux-mêmes sont dépassés par les demandes. L'un des jeux de société les plus anciens au monde regagne en popularité grâce au confinement et à la série à succès Le Jeu de la Dame.
A Bruxelles, nos reporters Justine Sow et Gilles Gengler se sont rendus dans un magasin spécialisé "La Maison des échecs", confrontée à une vague impressionnante de clients. "Ca fait plus de 20 ans que je suis dans le métier et je n’ai jamais eu une telle demande, affirme Pierre Moulin, propriétaire de "La Maison des échecs". J’ai eu énormément de commandes en ligne, de coups de fil au magasin, puis, quand on a rouvert, de longues files de clients posant toujours la même question 'Bonjour, je voudrais un jeu d’échecs'. Certains voulaient du bas de gamme, d’autres du haut de gamme, d’autres des livres, ça n’arrêtait plus et j’ai vu mes stocks fondre."
Le propriétaire constate que les profils des clients sont bien plus variés qu’habituellement: "C’est un public de niche, mais là depuis novembre, il y a des familles, des couples, des jeunes, des vieux, des débutants et des personnes qui s’y remettent", décrit-il.
Une embellie phénoménale
Contrairement aux nombreux sports ayant souffert cette année des mesures de confinement, les échecs ont bénéficié d'une embellie phénoménale, confirmée par la plateforme Chess.com qui a enregistré 2,5 millions de nouveaux membres sur le seul mois de novembre. Cette flambée de passion pour le sport cérébral s'est clairement accentuée à partir de la fin octobre avec "la diffusion de la nouvelle série "Le Jeu de la Dame" (The Queen’s Gambit) sur Netflix qui a eu un effet spectaculaire", affirme la star internationale des échecs, le grand maître indien Vishwanathan Anand. Adaptée du roman éponyme de Walter Tevis, inspiré du champion américain Bobby Fischer et publié en 1983, l'action située dans les années 1950-1960 retrace l'ascension fulgurante d'une orpheline du Kentucky en proie aux addictions, Beth Harmon, dans l'univers des échecs encore dominé par les hommes.
Dans le magasin, nos reporters ont interviewé une cliente : Safi. Cette jeune femme a vu la série et s’est souvenu d’un poème qu’elle avait écrit au sujet des échecs. C’est ce qui l’a poussée à vouloir se procurer un jeu. "Je voudrais mieux découvrir les règles de base, nourrir mon cerveau et aussi, lier la poésie aux jeux d’échecs", ambitionne cette jeune femme.
Séduits par les coups de maître évoqués dans la série, Leo et Antoine repartent avec des bouquins de perfectionnement. "J’ai regardé la série, et cela a réveillé des souvenirs d’enfance, décrit l’adolescent, accompagné de son père, joueur d’échecs. A l’époque, je n’avais pas accroché quand je jouais, petit. Mais les échecs m’ont paru beaucoup plus chouettes quand j’ai regardé la série."
Déception en revanche pour Florence et Amaury qui souhaitaient offrir un jeu d’échecs à leur père pour Noël. Dans le magasin où ils se trouvent, tous les modèles qui les intéressaient ont été vendus. "Notre père a vu la série aussi et on s’est dit qu’on allait recommencer à jouer ensemble, décrit Florence. Je suis directement venue au magasin avec mon frère, mais apparemment, un peu trop tard."
Pour espérer en trouver, il faut désormais fouiller. Dans le magasin "Les idées bleues" de Wavre, les jeux d’échecs sont inhabituellement placés à l’entrée, tant la demande est importante. Le gérant a pu dénicher quelques plateaux chez un artisan français. "Ceux-ci sont assez beaux, commente le gérant, Bertrand Genin. Cela me permet d’avoir du stock et de répondre à la demande", explique ce passionné qui, lui aussi, ne cesse de vendre des jeux d’échecs depuis le mois de novembre. L’an passé, environ 10 jeux d’échecs ont été vendus dans son magasin. Depuis plusieurs semaines, Bertrand Genin en vend 5 à 10 tous les jours.
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