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La ligne téléphonique "Allô enfance en danger" a reçu 20% d'appels en plus depuis le début du confinement, a annoncé jeudi à l'AFP le secrétaire d'Etat à la Protection de l'enfance Adrien Taquet, qui s'est dit à la fois "vigilant" et "inquiet".
Les appels au 119 considérés comme urgents ont même augmenté de 60%, selon des données issues d'une comparaison entre les trois premières semaines du confinement (du 18 mars au 6 avril) et une période équivalente en février (du 12 février au 2 mars), a précisé M. Taquet.
La hausse des signalements est surtout notable à partir de la deuxième semaine de confinement (+15% par rapport à la première), et encore plus à partir de la troisième (+53% par rapport à la première), ce que les responsables du "119" interprètent comme un effet des campagnes lancées fin mars/début avril via réseaux sociaux, radio et télévision, pour inciter les victimes et d'éventuels témoins à se signaler.
"Il n'y avait pas de raison que ces chiffres n'évoluent pas car on sait que le confinement est davantage propice aux violences", a commenté le secrétaire d'Etat.
On aurait pu toutefois craindre que la période soit également moins propice au signalement des situations problématiques, d'une part parce que les enfants victimes sont confinés avec les parents maltraitants, d'autre part parce que les enseignants ou autres entraîneurs sportifs ne sont plus en situation de tirer la sonnette d'alarme, a-t-il relevé.
Dans le détail, le nombre d'appels au 119 émanant de mineurs voulant alerter sur leur propre situation de danger a augmenté de 34%. On compte également 36% d'appels en plus émanant de "camarades" d'enfants maltraités (probablement mis au courant car les enfants communiquent entre eux pendant le confinement par SMS et via les réseaux sociaux), et 30% en plus émanant de voisins.
"Cela signifie que tous les messages qu'on essaye de relayer sur la nécessité d'être attentif aux cris qu'on entend de l'autre côté du mur, tout ça commence probablement à porter ses fruits", a encore commenté M. Taquet.
Le gouvernement et les associations ont "démultiplié les canaux de signalement" depuis le début de la crise épidémique, a-t-il fait valoir.
Ainsi, depuis la semaine dernière, la ligne téléphonique 119 est doublée d'un service de signalement par écrit des violences, sur internet. Ce dispositif, destiné aux victimes qui ne pourraient s'isoler pour appeler à l'aide, a été utilisé à 130 reprises en moins d'une semaine. Vingt-six dossiers ont fait l'objet d'un signalement.
En outre, quatre enfants ont signalé des violences par SMS (au numéro d'urgence 114) et deux de ces cas ont donné lieu à des interventions urgentes.
Sous le slogan "#EntendonsLeursCris", l'Unicef France et le collectif féministe #NousToutes ont lancé mercredi une campagne d'information et de sensibilisation, notamment sur internet, pour faire connaître le numéro 119 et encourager les victimes à appeler à l'aide.
"Plus de 50.000 enfants et adolescents sont chaque année victimes de violences physiques, sexuelles et psychologiques, enfermés à huis clos avec leurs bourreaux", selon les organisateurs de cette campagne.