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"Ces enfants malades sont des guerriers": le 'type 5', l'enseignement méconnu qui change la vie

Quand la maladie empêche d'aller en classe, l'enseignement de type 5 prend le relais à l'hôpital ou à domicile. Cette solution cruciale mais méconnue soutient les enfants malades ou en détresse psychologique pour maintenir le lien scolaire. Découvrez le travail essentiel des enseignants et associations derrière cette "école escale".

Pour la plupart des enfants, la scolarité se déroule à l’école. Mais certains peuvent être confrontés à de graves problèmes de santé. Ils sont alors amenés à passer un certain temps à l’hôpital ou en convalescence à domicile. “L’enseignement spécialisé de type 5”, encore méconnu, a été pensé pour eux. Les enseignants et les asbl du secteur insistent sur l’importance de cette solution qui permet aux enfants de rester connecté avec l’école. 

L’enseignement spécialisé de type 5, c’est l’appellation un peu compliquée qui désigne l’enseignement en milieu hospitalier et à domicile. Cette scolarité alternative permet à des enfants allant de la maternelle au secondaire (jusque 21 ans), de poursuivre leur éducation malgré de graves problèmes de santé qui les retiennent loin des bancs de l’école. Michele Georis, enseignante de l'École Escale à la clinique de La Ramée (Uccle) déplore le fait que cette solution soit encore trop méconnue du grand public. “On ne montre pas assez qu’il existe des enseignements adaptés aux chemins parfois chaotiques de nos élèves. On pense souvent à tort que l’enseignement spécialisé de type 5 ne concerne que les enfants hospitalisés en hémato-onco (service pédiatrique qui prend en charge les jeunes atteints de cancers, ndlr). Alors que l’école à l’hôpital c’est bien plus diversifié que ça”, explique-t-elle. 

C’est le décret du 3 mars 2004 qu’il faut consulter pour mieux comprendre à qui s’adresse un tel type d’enseignement et à quels besoins il répond. L’enseignement spécialisé, à l’inverse de l’enseignement fondamental, s’adresse aux enfants “à besoins spécifiques”, répartis en plusieurs catégories. Ces besoins peuvent aller de l’enfant avec un léger retard mental, à l’enfant qui a un trouble du comportement, en passant par l’enfant atteint d’une maladie l’obligeant à séjourner à l’hôpital pendant une longue période. Et justement, c’est pour ces derniers que le “type 5” a été mis en place. “L’école à l’hôpital et à domicile, c’est autant pour les enfants qui ont des maladies ‘corporelles’ comme le cancer par exemple, que pour ceux qui sont atteints d’un trouble psychologique”, précise Michele Georis.  

“Mon travail c’est aussi redonner des projets de vie à des jeunes” 

Cette enseignante, passionnée par son métier, regrette que celui-ci soit encore trop peu connu : “On voit souvent l’image de l’enseignant spécialisé à travers le Télévie, mais cela ne représente qu’une partie de notre travail. Une grande partie des prises en charge concernent des enfants et adolescents hospitalisés en psychiatrie. L’image du prof qui ramène les devoirs de la journée au petit garçon atteint d’une leucémie en pyjama dans son lit d’hôpital est donc réductrice.” Travailler à l’hôpital lui a permis de redonner du sens à son métier, après avoir été professeure de maths dans l’enseignement classique. Elle raconte : “Ici avec l’Ecole Escale, mon travail de prof de maths est finalement un prétexte, un levier pour un tas d’autres choses. Par exemple redonner des projets de vie à des jeunes en dépression, raccrocher des enfants à l’école, les aider à accepter l’erreur, leur enseigner le lâcher-prise”. Ce que Michele aime dans ce nouvel aspect du métier, c’est la complexité et la richesse de l’approche. L’école à l’hôpital permet de s’interroger sur la pertinence du scolaire, sur les choix des enfants et des parents, et sur la manière de concilier la maladie et l’obligation scolaire (jusque 18 ans en Belgique).  

En Fédération Wallonie-Bruxelles, l’asbl Ecole à l’Hôpital et à Domicile (EHD) œuvre depuis plus de 40 ans pour accompagner les enfants malades ou convalescents et leur éviter une trop grosse rupture dans la scolarité. Françoise Persoons, présidente de l’antenne bruxelloise de l’asbl, s’inquiète de voir l’état de la santé psychologique des plus jeunes se dégrader. “C’est alarmant de voir le nombre de jeunes qui ont besoin d’une place en institution psychiatrique, le nombre de jeunes en décrochage scolaire. Il y a dix ans, ce n’était pas le cas. On a vu progressivement arriver ces nouveaux publics avec des problèmes d’ordre psychologique”, déplore-t-elle.  

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Les enseignants bénévoles font des challenges sportifs ©DR

“Ces enfants n’ont pas à être punis deux fois” 

Avec dix antennes implantées un peu partout en Région Wallonne et à Bruxelles, l’asbl EHD rassemble aujourd’hui 334 enseignants bénévoles dont le souhait est d’offrir un suivi scolaire adapté à ces enfants. “Ces enfants malades sont des guerriers, ils n’ont pas à être punis deux fois, d’abord par la maladie et ensuite par leur absence à l’école”, insiste Françoise Persoons. Pour la présidente, le combat est clair : “Les enfants et leurs parents se sentent souvent terriblement seuls face à de telles épreuves. Nous nous battons donc pour que les écoles, les médecins et les parents soient informés qu’il existe une solution d’enseignement spécialisé quand un enfant est malade”. Pour poursuivre cet objectif, les bénévoles se sont lancés plusieurs défis sportifs : les 10 kms d’Uccle avec certains jeunes, et prochainement les 20 kms de Bruxelles. Ils espèrent que leur présence à ces évènements permettra de faire découvrir leur métier au grand public.  

Grâce à cet enseignement un peu particulier, les enfants pris en charge ont plus de chance de se réinsérer dans une scolarité classique après leur convalescence. C’est d’ailleurs ce que signifie le nom “Ecole Escale” : un clin d’oeil au fait que cette école un peu particulière est une escale positive permettant à tous ces enfants de repartir plus s Pour Michele Georis, c’est la plus belle des récompenses : “Tout ce qu’on espère, c’est trouver des solutions pour que ces enfants se disent un jour que la vie est chouette et qu’elle vaut la peine’. Et puis on observe de belles réussites, on voit certains jeunes repartir avec un esprit de vie. Ce sont nos petits miracles à nous.” 

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