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En donnant à manger à leur fille de 4 mois, des Montois ont été surpris. Selon eux, la date de péremption du petit pot pour bébé acheté deux jours plus tôt était largement dépassée. Mécontents, ils ont déposé une plainte auprès du magasin et de l’agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca).
"Je suis très en colère. J’ai eu un gros problème avec un supermarché à Mons", confie Nathan via notre bouton orange Alertez-nous. Fin mars, ce jeune homme de 28 ans fait ses courses dans un magasin de la chaîne Lidl. "Nous y allons régulièrement. Et ce jour-là, nous avons acheté des petits pots pour bébé, c’était un vendredi", raconte le père de famille.

Deux jours plus tard, ils préparent l’un des petits pots pour leur fille âgée alors de 4 mois. "Après avoir ingurgité une cuillère, elle a tout de suite craché alors qu’elle est plutôt gourmande. On s’est dit que c’était bizarre. Sa maman a alors goûté et elle trouvait que c’était un peu aigre", se souvient Nathan. A ce moment-là, les parents vérifient la date de péremption sur le produit. "On a constaté qu’elle était dépassée. Ça nous a choqués, assure le Montois. De la nourriture pour bébés, c’est quand même important", estime-t-il. Pour appuyer ses propos, Nathan a envoyé une photo du petit pot.
Le lendemain, le couple téléphone au supermarché pour se plaindre avant de se rendre sur place. "On a demandé de parler à un responsable. D’après lui, ils n’utilisent pas le système de "first in, first out" (Fifo) pour gérer les stocks mais bien un autre système. Ce qui nous a étonnés", relate Nathan.
Une affirmation démentie par le porte-parole de Lidl. "Tout d’abord, il est important de préciser que nous travaillons quotidiennement à la qualité et à la sécurité de nos produits", insiste Julien Wathieu. "Nous sommes surpris par la découverte du client car nous mettons en place un système précis et structuré au sujet des rotations (Fifo) et ce système de rotations est systématiquement contrôlé", ajoute le porte-parole.
Cette méthode de "premier entré, premier sorti" implique de gérer les stocks et les inventaires en expédiant d’abord les marchandises acquises en premier.
Un remboursement et un coupon de 35 euros
Par ailleurs, Julien Wathieu assure qu’un contrôle en magasin a suivi la plainte de Nathan et sa compagne : "Lorsque le client nous a informés de la situation, nous avons vérifié les dates de péremption de ce produit et tout était juste".
D’après le Montois, le gérant du supermarché s’est montré assez coopératif. "Il s’est excusé et nous a remboursés le prix des petits pots", indique le jeune homme. "Ils nous ont également proposé un coupon de 35 euros à l’achat de 45 euros".
Le porte-parole de Lidl confirme cet octroi d’une compensation financière. "Le client a reçu un retour de notre part par rapport à la situation ainsi qu’un remboursement et une compensation car nous accordons une grande importance à la satisfaction de nos clients".
Il conseille d’ailleurs à tout client insatisfait par la qualité d’un produit de se présenter à son magasin avec le ticket de caisse afin d’obtenir un remboursement.
Notre fille a été malade pendant plusieurs jours
Malgré ce geste commercial, Nathan et sa compagne regrettent le manque de suivi et les conséquences potentielles pour la santé. "Notre fille a été malade pendant plusieurs jours après avoir consommé ce petit pot", déplore son papa, sans pouvoir établir un véritable lien de causalité.
Les parents ont en tout cas décidé de porter plainte auprès de l’agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca).
Sur base de cette plainte introduite, les inspecteurs de l’Afsca se sont rendus sur place pour effectuer un contrôle et mener une enquête. "Nos contrôles sont toujours inopinés. Nos inspecteurs ont contrôlé plus de 100 produits dans les rayons de ce magasin", révèle Aline Van den Broeck, porte-parole de l’Afsca.
"En ce qui concerne les produits pour bébé en question, il s'agit de produits portant des dates de durabilité minimale (DDM). Lors de ce contrôle, nos agents n’ont constaté aucun produit de cette gamme dont la date de durabilité minimale était dépassée", ajoute-t-elle. "Aucun lien de causalité n'a pu être établi entre les faits mentionnés dans cette plainte et les résultats de notre contrôle", conclut la porte-parole.
Selon elle, Nathan a été informé par mail des résultats de cette enquête.
Aline Van den Broeck explique ensuite la différence entre les dates de péremption. "Concernant les dates de durabilité minimale (DDM), "à consommer de préférence avant le (ou fin)", le fabricant garantit que les produits resteront de qualité irréprochable jusqu’à cette date", indique la porte-parole. Après cette date, ils peuvent encore être consommés, s’ils sont stockés dans de bonnes conditions. Il faut également que leur emballage soit intact. C’est donc le cas pour ces pots pour bébé.
"Les produits alimentaires hautement périssables (viandes, poissons frais, plats préparés, légumes prédécoupés, etc.) peuvent devenir dangereux pour la santé humaine peu après la date de péremption. C’est pourquoi la DDM est remplacée par la date limite de consommation (DLC), "à consommer jusqu’au…"", poursuit la représentante de l’Afsca. Une fois la date dépassée, ces produits ne peuvent plus être vendus.
Une moyenne de 21 plaintes par jour
De manière générale, la porte-parole conseille de contacter l’Afsca pour toute question ou plainte concernant un établissement ou un produit de la chaîne alimentaire. "Les consommateurs peuvent s’adresser à notre point de contact", indique Aline Van den Broeck.
Le formulaire en ligne est le moyen le plus efficace et rapide afin de transmettre tous les renseignements nécessaires au bon traitement d’une question ou d’une plainte. Vous pouvez aussi téléphoner au numéro gratuit 0800 13 550 ou envoyer un email à l’adresse pointdecontact@afsca.be.
Déposer une plainte est le seul moyen de pouvoir déclencher une enquête. "Les plaintes sont transmises à nos inspecteurs, actifs sur le terrain, qui effectuent alors une inspection sur place et prennent les mesures appropriées si nécessaire", explique la porte-parole. L’Afsca peut demander de retirer des produits de la vente et lancer un rappel de produits.
Une fois l'enquête terminée, la personne qui a contacté l’agence fédérale reçoit un suivi de son dossier.
En 2024, le point de contact de l’Afsca a reçu et traité 5.222 plaintes. Soit une moyenne de 21 plaintes par jour ouvrable.
"L'Afsca considère les plaintes comme des signaux importants concernant d'éventuels problèmes de sécurité alimentaire sur le terrain. Elles sont donc traitées en priorité par nos inspecteurs qui se rendent sur place pour prendre les décisions qui s'imposent", assure Aline Van den Broeck.
En 2024, presque toutes les plaintes (94%) ont été traitées par l'Afsca dans les 30 jours.
"Dans 49% des contrôles effectués à la suite d'une plainte de consommateur, les problèmes soulevés se sont avérés justifiés. En outre, dans 6% de ces contrôles, d'autres infractions que celles mentionnées dans la plainte ont été constatées", précise la porte-parole.
"En nous faisant part de ses préoccupations, ce consommateur a contribué à une plus grande sécurité alimentaire", conclut-elle.



















